Contre la désertification des hôpitaux, faire travailler les vieux médecins

Paris, le lundi 31 octobre 2016 - Difficultés de recrutement, départs à la retraite des générations du baby-boom, pour remédier au choc démographique le gouvernement veut encourager la prolongation d'activité des praticiens hospitaliers (PH). Reste à savoir si les volontaires seront nombreux.

Les difficultés démographiques en matière de recrutement de personnel médical ont conduit le gouvernement à prévoir dans la loi du 26 janvier 2016 relative à la modernisation de notre système de santé plusieurs mesures visant à faire face à ce choc démographique dans les établissements publics de santé. Deux mesures ont été retenues.

L’article 142 porte la limite d’âge des statuts de praticien attaché et praticien contractuel à 72 ans, de façon transitoire jusqu’au 31 décembre 2022, dans le cadre d’un cumul emploi-retraite.

L’article 141 prévoit que la durée maximale de la prolongation d’activité est portée transitoirement de 36 mois à 60 mois, de manière dégressive selon la date de naissance des personnes concernées, afin de permettre un exercice hospitalier jusqu’à l’âge de 70 ans.

Limite d’âge 70 ans, le décret d’application vient de paraître

Pris en application de l’article 141, le décret no 2016-1426 du 21 octobre 2016 relatif à la limite d’âge et à la prolongation d’activité des personnels médicaux, pharmaceutiques et odontologiques hospitaliers est paru au Journal Officiel du 23 octobre dernier.

Il met à jour la limite d’âge applicable aux personnels médicaux, pharmaceutiques et odontologiques hospitaliers qui est portée de 65 ans à 67 ans de manière progressive selon l’année de naissance. Par ailleurs, la durée de la prolongation d’activité est allongée en vue de permettre un exercice hospitalier jusqu’à l’âge de 70 ans. Sont concernés les praticiens nés à partir du 1er janvier 1955 et qui sont en activité au moment de leur demande. A titre transitoire pour tenir compte du calendrier progressif d’application de la limite d’âge, la durée de la prolongation d’activité est portée, de manière dégressive selon la date de naissance des personnes concernées, de soixante à trente-six mois.Le texte précise la procédure à suivre pour demander une prolongation d’activité.

Une instruction de la DGOS du 11 février 2016 avait rendu cette disposition immédiatement applicable en attendant la parution du décret au JO. Elle précisait qu’un décret serait prochainement publié et actualiserait les dispositions statutaires relatives à la limite d’âge et à la prolongation d’activité.

L'Assemblée autorise certains médecins hospitaliers à travailler au-delà de 72 ans

Dans le cadre de la discussion du PLFSS 2017 à l’Assemblée nationale, les députés ont voté vendredi un amendement du gouvernement prévoyant que des médecins hospitaliers puissent, dans certaines conditions, travailler au-delà de 72 ans dans le cadre du cumul emploi-retraite.

« Cette disposition vise à permettre aux établissements de mieux gérer les effets de départs à la retraite de personnels médicaux hospitaliers », indique le texte de l’amendement n°930. « Les établissements hospitaliers peuvent avoir besoin de continuer à bénéficier de compétences et de l’expertise très spécialisées développée par des praticiens (…). Il a donc été jugé opportun de préserver une marge de souplesse permettant à des praticiens de continuer à participer notamment à des activités de consultations et de recherche, dans le cadre du cumul emploi retraite ».

Il est précisé que « ces dérogations sont accordées après avis du président de la commission médicale d’établissement et avis du chef de pôle et du chef de service concernés et sous réserve de l’aptitude physique et mentale des intéressés. » Les praticiens concernés pourront exercer « leur activité à raison de deux demi-journées hebdomadaires maximum dans le cadre d’un contrat annuel renouvelable ».

L'Assemblée se prononcera mercredi après-midi sur le texte du PLFSS par un vote solennel.

Dominique Monnier

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Vos réactions (9)

  • Médecin hospitalier à 70 ans

    Le 31 octobre 2016

    "la loi du 26 janvier 2016 relative à la modernisation de notre système de santé "
    " Limite d’âge 70 ans, le décret d’application vient de paraître "
    " L'Assemblée autorise certains médecins hospitaliers à travailler au-delà de 72 ans"
    C'est çà la Modernisation ?

    Et on les affectent où ? Au SAMU Aux Urgences ?
    Le problème de la démographie médicale, j'en entend parler depuis 30 ans (ancienneté dans ma spécialité : ARE)
    Qu'elle mesures ont été prises : numérus clausus augmenté de façon nettement insuffisante, contrat pour départ à la retraite anticipé il y a une quinzaine d'année (avec un calcul fallacieux des économies de dépense de santé engendré : un médecin engendre XX KF de dépenses => son départ économisera XX KF : sa patientèle disparait aussi ?).
    Cette situation n'a rien de surprenant quand on sait que former un médecin nécessite entre 10 et 15 ans et qu'un décideur reste en poste moins de 5 ans ... Les réformes c'est comme dans l'enseignement une par ministre, et les résultats sont là.
    Le recours aux médecins étrangers :
    ma promotion d'un département d'anesthésie-réa parisien comportait 50 % d'étrangers venus se former en France (Maghreb, Madagascar, Vietnam, Cambodge,... 2 consœurs Albanaises) Naturellement ils sont repartis dans leur pays. Quelques uns sont restés pour raisons familiales (des infirmières les ont retenues...!) Puis migration d'anesthésistes Belges; le reflux s'est déjà opéré. Les Allemands : anecdotique. Actuellement , les migrations se font sur des problèmes économiques (Roumanie, Grèce) ou politique (Syrie Liban... les Turcs choisiront l'Allemagne).
    Concrètement, il faut confier le problème de la démographie médicale au ministère des Affaires Étrangères. Par exemple, un peu d'instabilité dans le Maghreb et je retrouverai mes copains Algériens, Tunisiens, Marocains...

    Dr Roger Catusse


  • On marche sur la tête...

    Le 01 novembre 2016

    ...et ce n'est pas vraiment un scoop...Les crânes d'œuf qui font profession de décider pour le reste de la population (technocrates et politicards réunis en association de malfaiteurs) se sont amusés ces dernières décennies à ouvrir et fermer de façon anarchique les robinets de la formation des soignants (enfin, surtout à les fermer...) et maintenant ils s'aperçoivent qu'ils ont tout faux, et après avoir fait venir des charters de soignants étrangers plus ou moins bien formés pour pallier au manque de soignants Français (qu'on avait refusé de former en temps utiles, au nom des sacro saintes "économies de santé") voila t-il pas que lesdits crânes d'œuf ont enfin trouvé la solution miracle, on va faire travailler les praticiens jusqu'à des âges canoniques...
    çà fait maintenant 22 ans que je suis praticien hospitalier, il me reste un peu moins de 10 ans à tirer avant de pouvoir faire valoir mes droits à la retraite (comme on dit) et il est hors de question pour moi de rempiler ne serait ce qu'un mois de plus, pour toutes sortes de raisons:
    -d'abord, j'exerce une spécialité (chirurgie orthopédique) à la fois assez technique, fatigante sur le plan physique et nerveux, et surtout en pleine évolution, et dans laquelle l'hyperspécialisation est en train de devenir la norme (mes collègues trentenaires ne font plus que du genou, de l'épaule, du pied, de la main, du rachis, etc...) et ce sera à terme un impératif de bonne pratique: le chirurgien "tout terrain" qui opère aussi bien une main qu'une hanche est un dinosaure en voie d'extinction, comme en son temps le chirurgien généraliste qui opérait aussi bien une appendicite qu'une fracture du tibia. J'ai connu cette époque, j'y ai participé jusqu'au début des années 2000, nous avons rendu de précieux services, surtout en milieu rural mais ce n'est plus possible aujourd'hui, quoi qu'on puisse en penser. Bref je ne suis plus tout à fait adapté aux exigences de notre époque, j'en suis conscient et je restreins progressivement mon activité à ce que je pratique régulièrement, le reste part directement vers les "hyperspécialistes" de la grande ville.
    -ensuite, je suis parfaitement conscient qu'après une phase de "plateau" disons entre 45 et 55 ans, débute une phase de "descente" qui fait qu'on n'est plus tout à fait aussi performant, en terme de résistance à la fatigue, de vigilance, d'acuité visuelle, d'agilité gestuelle, etc. et cela peut avoir des conséquences fâcheuses pour les patients. Il convient donc de faire preuve de lucidité et de modestie et d'adapter son activité à ses capacités: on ne peut pas être et avoir été, il faut se rendre à l'évidence et ne pas chercher à démontrer à tout prix qu'on est "toujours jeune", qu'importent les questions d'ego...
    -enfin, il y a une vie en dehors du métier, aussi passionnant et valorisant que celui ci puisse être, et le temps nous est compté...
    alors, en un mot comme en cent: place aux jeunes!

    Dr Jean-Marc Ferrarini

  • Pas mieux pour les infirmiers...

    Le 03 novembre 2016

    Et pour nous voici ce qu'ils prévoient... pour éviter la revalorisation professionnelle :
    France, 25 octobre 2016 – L’Ordre national des infirmiers s’oppose à l’introduction de l’accès partiel à la profession infirmière.

    « Nous nous opposons à ce qui constitue une déréglementation scandaleuse et irresponsable de l’accès aux professions de santé dans une logique de nivellement par le bas et de dépréciation de la qualité des soins. Quel est le sens dans ce contexte de l’intégration de la profession infirmière dans le processus Licence-Master-Doctorat ? Veut-on pour de basses raisons d’économies introduire des soins low-cost réalisés par des professionnels sous-qualifés et sous-payés » dénonce Didier Borniche, président de l’Ordre.

    France, 27 octobre 2016 – Exercice partiel de la profession infirmière : Le Conseil d’Etat tranchera

    Peut-il y avoir en France une profession intermédiaire située entre la profession aide-soignante et la profession infirmière et qui inclut le terme “infirmier” dans son appellation? La réponse est “Non” pour le HCPP (Haut Conseil des Professions Paramédicales), qui a rejeté cet après-midi (par 23 voix contre 0 et 3 abstentions) un projet d’ordonnance allant dans le sens d’un exercice partiel possible pour la profession infirmière. Mais l’avis donné n’est que consultatif. C’est le Conseil d’Etat qui tranchera.

    Qui dit mieux dans les mesures pour achever le système de santé français ? Le concours est ouvert !

    Charlaine Durand

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