
Paris, le samedi 5 novembre 2016 – L’horreur de la guerre, c’est d’abord la mort et les blessures graves. L’irruption de la tragédie. Mais il y a également des conséquences moins « spectaculaires », qui entraînent lentement une détérioration totale de ce qui constituait jusqu’alors la normalité. Ainsi en est-il des pénuries alimentaires, d’eau, de vêtements, de médicaments. Et les manques dont on ne parle pas, mais qui minent peu à peu la dignité de tous. Ainsi, l’AFP a récemment mis à jour l’enfer vécu par des millions de femmes syriennes chaque mois depuis le début de la guerre. Parmi les produits qui font cruellement défaut, figurent en effet les protections périodiques. Inexistantes ou se vendant à prix d’or, elles manquent à un grand nombre de femmes. Ces dernières sont donc contraintes d’utiliser des linges, à l’instar de nombreuses femmes encore dans le monde. Mais la guerre empêche un nettoyage approprié, en raison des pénuries constantes d’eau et des coupures incessantes du gaz et de l’électricité. Une telle situation fait le lit d’une flambée d’infections urinaires, de mycoses, qui demeurent généralement non soignées, en raison d’un nombre très insuffisant de médecins, mais aussi de la honte éprouvée par certaines femmes.
Impuissance des associations humanitaires
Les associations d’aide humanitaires parviennent mal à répondre
à cette situation. Le tabou encore très prégnant autour des règles
et de la sexualité des femmes dans la société syrienne rend
délicate une action efficace, quand les maigres ressources humaines
disponibles préfèrent se concentrer sur les urgences vitales
auxquelles sont également réservés les médicaments. La distribution
de protections périodiques, qui sont présentes dans la majorité des
kits de survie, se révèle quant à elle insuffisante pour répondre à
la demande. Si l’Unicef a pratiquement multiplié par cinq le nombre
de paquets de serviettes hygiéniques distribués dans les zones
assiégées, les 84 000 lots délivrés en 2015 n’ont pas su répondre à
l’ensemble des besoins de dizaines de milliers de femmes. Selon
l’AFP, au moins un million de serviettes par an seraient en effet
nécessaires.
Léa Crébat