
A 5 ans, les enfants doivent avoir acquis un ensemble de compétences rendant possible l’apprentissage de la lecture et le raisonnement mathématique. Des compétences médiocres laissent prévoir des difficultés scolaires ultérieures et un niveau insuffisant d’instruction. Identifier les enfants à risque peut permettre une intervention précoce. La prématurité définie par un âge gestationnel < 37 semaines, est un risque potentiel mais la plupart des études sont focalisées sur les grands prématurés (< 32 SA) ou les prématurés « tardifs » (35-37 SA).
Des chercheurs en pédiatrie sociale du Michigan se sont penchés sur un groupe de 5 250 enfants tiré d’une cohorte nationale américaine représentative de 10 000 enfants nés en 2001 (Early Childhood Longitudinal Study Birth Cohort). Les données ont été collectées à 9 mois, 2 ans, avant la maternelle puis à 5 ans. A cet âge, plus de 77 % des enfants étaient scolarisés. L’évaluation a eu lieu à domicile par interview des parents et tests auprès des enfants. L’hypothèse était que les prématurés, en comparaison des enfants nés à terme, avaient des performances moindres en terme de capacité d’apprentissage de la lecture et des mathématiques.
Un seuil à 32 semaines
Les tests de lecture (Peabody Picture Vocabulary Test, Preschool Comprehensive Test of Phonological…) permettaient d’évaluer la reconnaissance de lettres et mots, la compréhension des relations lettres/sons, la reconnaissance des mots dans une phrase. En maths, les tests évaluaient la reconnaissance des nombres, de leur sens et la capacité de compter. Un pauvre niveau de compétence était caractérisé par des scores de 1,5 DS au-dessous de la moyenne. L’Odd Ratio ajusté (aOR) d’impréparation à l’école a été estimé en fonction de l’âge gestationnel (AG) de façon continue et par catégories : grands prématurés (GP <32 SA), préterme modérés et tardifs (PMT 32-36 SA), terme précoce (TP 37-38 SA) et à terme (39-41).
L’analyse montre une association entre l’AG et les capacités d’apprentissage pour la lecture et les maths et suggère l’existence d’un effet seuil pour les enfants nés avant 32 semaines. Chez les grands prématurés, après ajustements, l’aOR pour les mauvaises compétences pour aborder la lecture est à 2,58 (intervalle de confiance à 95 % IC 1,29-5,15) et pour les maths à 3,38 (IC 1,66-6,91). Pour les enfants prématurés modérés et tardifs et à terme précoce, les odds ratio de risque de difficulté d’apprentissage ne différent pas de ceux des enfants nés à terme.
Ainsi des risques de capacités insuffisantes pour la lecture et les maths sont-ils constatés pour les plus grands prématurés, particulièrement ceux nés avant 32 SA. Ces enfants devraient faire l’objet d’une surveillance du développement plus étroite avant la maternelle.
Pr Jean-Jacques Baudon