
Paris, le lundi 28 novembre 2016 - Jeudi dernier 24 novembre la Journée des soignants était à la fois une alerte aux pouvoirs publics, aux caisses d’assurances maladie, ainsi qu’à tous les politiques, et une journée de prévention afin de sensibiliser la population, patients et usagers du système de soins, aux dérives instaurées par les différentes lois et réformes sur la santé. De nombreuses professions étaient représentées, mais pas les aides-soignants qui ont leur journée le 26 novembre.
18 organisations
Infirmiers libéraux, masseurs kinésithérapeutes, pédicures podologues, opticiens, chirurgiens-dentistes, biologistes, orthophonistes, médecins libéraux, ergothérapeutes libéraux, étudiants infirmiers anesthésistes… 18 organisations appelaient à mener des actions de prévention gratuites dans douze villes de France pour protester contre la dégradation de la qualité des soins. Discussions et distribution de tracts étaient aussi au programme de la journée.
Plusieurs organisations d'infirmiers libéraux participaient, en révolte contre les pressions exercées par les caisses d'assurance maladie, contre une nomenclature qui ne prend pas en compte les besoins du terrain et l'ensemble de leurs compétences, ou encore contre l'explosion des charges.Les étudiants infirmiers anesthésistes de l'Association nationale des étudiants IADE (ANEIA) participaient à cette journée pour revendiquer notamment une meilleure reconnaissance de la profession.
Grève des IADE
Ce 24 novembre est aussi la date choisie par l'Intersyndicale IADE (CGT, FO, Unsa, Syndicat National des Infirmiers Anesthésites -SNIA),et les associations (ANEIA) représentants les Iade et les étudiants, pour une journée d'action spécifique, après le mouvement unitaire de contestation du 8 novembrede la filière infirmière. Les IADE s’étaient alors associés aux problématiques transversales du monde de la santé, tout en exprimant des attentes spécifiques concernant l’évolution et la juste reconnaissance de leur métier.
« Les dernières propositions chiffrées proposées (par le ministère) ne sont pas méprisantes mais terriblement mesquines. Le ministère doit avoir le courage politique de réparer l'injustice statutaire et indiciaire de la filière infirmière-anesthésiste », expose le SNIA dans son appel à l'ensemble de la filière à se mobiliser et à converger le 24 novembre à Paris avec rendez-vous dès 10H devant le ministère de la fonction publique. Les revendications essentielles du syndicat portent sur la récupération d’un corps spécifique de toute la filière IADE dans la fonction publique hospitalière, une grille indiciaire conforme à la profession master bac+5 et aux responsabilités et contraintes professionnelles, avec répercussion sur le secteur privé non lucratif, la prise en compte de la pénibilité de la profession d’infirmière, l’abandon du projet d’ordonnance autorisant un exercice partiel de la profession.
Le soutien des infirmiers hospitaliers, CNI en particulier, et libéraux
Les autres organisations professionnelles syndicales et associatives de la filière infirmière AEEIBO, ANFIIDE, ANPDE, CEEIADE, CNI, FNI, SNICS-FSU, SNIES-UNSA, SNPI, CFE-CGC, SNIPUERLIB,UNAIBODE, UNIDEL, signataires de l'appel du 8 novembre 2016, se sont déclarées solidaires de l'appel à mobilisation du SNIA.
Dans un communiqué du 23 novembre, la Coordination nationale infirmière (CNI) indique appuyer l'appel à la grève des IADE et des étudiants de la spécialité et soutenir notamment leurs revendications suivantes : la récupération d'un corps spécifique de toute la filière IADE dans la fonction publique hospitalière, une grille indiciaire conforme à une profession master bac + 5 et conforme aux responsabilités et aux contraintes professionnelles, dans tous les secteurs d'activité.
Au-delà de cet appel spécifique, la CNI émet également plusieurs revendications pour tous les professionnels de santé, en particulier : l’arrêt du plan triennal de maitrise des dépenses de santé tel que défini actuellement (Ondam), la définition de ratios soignants aux lits du patient par spécialité, le respect des engagements pour l'universitarisation de la filière soignante, la création d'une spécialisation infirmière en psychiatrie (niveau Master), la reconnaissance de la pénibilité professionnelle, la mise en place de cellules d'écoute et le développement de la prévention des risques psycho-sociaux avec accompagnement financier des établissements pour en garantir l'effectivité, l’abrogation des GHT.
26 novembre 2016 : 6ème Journée Internationale de l'Aide-Soignant
La colère monte aussi chez les aides-soignants et auxiliaires de puériculture, souligne le CNI à l’occasion, 2 jours plus tard, de la Journée Internationale de l'Aide-Soignant. Victimes du non remplacement des départs et du remplacement trop partiel des absences dans la fonction publique, les aides-soignants et auxiliaires de puériculture, professionnels indispensables au bon fonctionnement des établissements de soins,très présents auprès du patient, souffrent d'un manque de temps dans l'accomplissement de leurs soins, d’où un ressenti négatif du travail fait. S’y ajoutentl'insécurité et l'angoisse face à l'avenir, due à la multiplication de contrats à durées déterminées. « Les aides-soignants et auxiliaires de puériculture attendent des évolutions pour leurs professions qui ne soient pas simplement induites par le manque d'infirmiers ou par la volonté de nos tutelles de légaliser les glissements de tâches (trop fréquents aujourd'hui), mais qui soient bien une vraie reconnaissance des compétences », indique encore le CNI, qui les invite à rejoindre son collectif.
Dominique Monnier