Dérives sectaires : la "santé" en tête des signalements

Paris, le jeudi 15 décembre 2016 – La Mission interministérielle de vigilance et de lutte contre les dérives sectaires (MIVILUDES) confirme dans son rapport remis hier au Premier ministre la place importante de la médecine et des thématiques en lien avec le « bien être » dans les signalements qui lui sont transmis. Ainsi, 17 % des saisines enregistrées l’année dernière concernaient les "médecines complémentaires et alternatives" (soit 214 dossiers, le nombre le plus élevé), tandis que 14 %  concernaient la psychothérapie et le développement personnel (170). Seules les mouvances évangéliques recensent un plus grand nombre de signalements (195, soit 16 %). Au total, les auteurs du rapport estiment que « la santé et le bien être représentent 40 % des signalements reçus par la Miviludes ». Le texte rapporte encore que la cellule d'assistance et d'intervention en matière de dérives sectaires (CAIMADES), spécialisée dans les infractions pénales commises par les sectes (au sein de laquelle travaillent six policiers) a pris en charge une vingtaine de dossiers « particulièrement lourds » en 2015. Là encore, les dérives liées à la médecine occupaient une place majeure. « Une importante partie des dossiers dont elle a la charge est en rapport avec des "médecines alternatives" souvent associées à des "techniques de psychothérapie" » décrit le rapport.

Des chartes éthiques impuissantes

Face à cette situation, la Miviludes multiplie les actions de sensibilisation. Elle se félicite des avancées obtenues par le passé, telle la régularisation des diplômes de psychothérapeute. Elle rappelle qu’un travail de réflexion a été engagé avec les principaux ordres de professionnels de santé. Cette collaboration est d’autant plus importante que la Miviludes s’inquiète de la progression d’un phénomène « inquiétant (…), le glissement opéré par des professionnels de la santé entre l’introduction de nouvelles thérapies et la revendication d’une autre médecine ». Cependant, la Miviludes constate également les limites de telles opérations. Ainsi, concernant le développement de l’hypnose, elle relève que les chartes éthiques mises en place peinent à éviter les risques de dérives. « La Miviludes a pu constater que ces chartes sont inefficaces. La Mission observe que l’EMDR dont l’efficacité est en partie reconnue par la Haute autorité de santé, est largement utilisé par des adeptes du Dr Hamer, inventeur de la "médecine nouvelle germanique" » et condamné à trois années de prison pour escroquerie et complicité d’exercice illégal de la médecine, à la suite de la plainte déposée par un homme dont l’épouse atteinte d’un cancer du sein est décédée du fait de refus de traitements. Pour la Miviludes cet exemple et d’autres confirment l’importance d’une vigilance toujours soutenue et accrue, même si dans un contexte de défiance de la science (contexte que certains appellent aujourd’hui l’ère de la « post vérité »), ce combat est très complexe.

Aurélie Haroche

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