La coqueluche: où en sommes-nous en 2016 ?

Au cours de ce congrès et à l’occasion d’un symposium consacré aux infections respiratoires, la pneumologue Shane Hanon (UZ Bruxelles) a fait le point sur cette maladie qu’on a espéré un peu vite voir disparaître de nos contrées.

L'exposé a débuté par un rappel sur l'infection par Bordetella pertussis, qui est incapable de survivre en dehors de son hôte. Son réservoir est humain et sa transmission passe très efficacement par les gouttelettes émises lors de la toux. Traditionnellement considérée comme une infection pédiatrique, la coqueluche est d'évolution douce chez les enfants immunisés, les adolescents et les adultes. Cependant, elle est associée à une morbidité considérable.

Le premier stade est catarrhal et dure habituellement 7 à 10 jours (entre 4 et 21). Il se caractérise par un coryza, une fièvre modérée, et une toux légère, occasionnelle, qui va en s'aggravant progressivement. Le deuxième stade, paroxystique, persiste généralement pendant 1 à 6 semaines, parfois jusqu'à 10 semaines. La toux est rapide, fréquente et paroxystique. Une cyanose et des vomissements peuvent survenir. Les crises de toux surviennent souvent au cours de la nuit, leur fréquence augmente pendant 1 à 2 semaines, avant un plateau qui dure 2 à 3 semaines, pour finalement diminuer progressivement.

L'épidémiologie, basée sur un diagnostic posé par sérologie et PCR, montre une nette augmentation de la prévalence de la coqueluche depuis 2012, avec une possible stabilisation en 2016 (dont les chiffres définitifs ne sont évidemment pas connus au moment de l'exposé). Chez les bébés, ce sont avant tout ceux âgés de moins de 4 mois qui sont les plus fréquemment touchés, causant un ou deux décès évitables par an en Belgique.

La transmission de la coqueluche se fait le plus souvent par la mère (32% des cas), la fratrie (20%), le père (15%) ou les grands-parents (8%).

En Belgique, sur 1.500 échantillons collectés en 2012 auprès d'adultes âgés entre 20 et 39 ans, 4% montraient un taux d'IgG anti-BP compris entre 50 et 100 UI/ml (ce qui correspond à une infection au cours des deux années précédentes), 4 autres pourcents affichant un taux d'IgG supérieur à 100 UI/ml (ce qui signe pour une infection aigüe). Ces chiffres démontrent l'étendue du réservoir à BP dans la population « saine ».

Antitussifs inefficaces

Le traitement doit être lancé aussitôt que possible, soit dans les 3 à 4 semaines suivant l'apparition des symptômes. Il vise à atténuer la symptomatologie et à réduire la transmission du microbe. En première intention, il s'agira d'un (néo)macrolide pendant 7 jours ou d'azithromycine. En alternative, l'association triméthoprime-sulfaméthoxazole pendant 14 jours peut être proposée. Chez la femme enceinte, il s'agira idéalement d'érythromycine pendant 7 jours. Une vaccination prophylactique sera suggérée dans les 3 semaines suivant l'apparition de la toux, quel que soit le statut vaccinal, à l'ensemble des membres du ménage en présence d'un enfant âgé de moins d'un an et pas (ou incomplètement) vacciné. Les cas sévères nécessitent une hospitalisation, avec une réhydratation, un soutien nutritionnel et un support respiratoire (O², ventilation assistée…). Les bronchodilatateurs, les corticoïdes et les antitussifs semblent inefficaces.

Vaccinons

Comment prévenir la coqueluche? Par une prophylaxie antibiotique, par l'isolement des patients, et par la vaccination. Cette dernière n'est cependant efficace qu'à 85%, et l'immunité qu'elle procure ne dure que 5 à 10 ans. L'immunisation naturelle après épisode infectieux ne dure guère plus longtemps : entre 5 et 15 ans. Cela n'empêche certainement pas de vacciner les futures mères au cours de leur grossesse (entre la 24ème et la 32ème semaine) : les anticorps maternels passent en effet par le placenta et procurent une bonne protection au bébé pendant ses premières semaines de vie.

Dr Claude Leroy

Référence
Congrès de la Société Belge de Pneumologie (Anvers): 2-3 décembre 2016.

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