
Paris, le vendredi 6 janvier 2016 - Marisol Touraine, ministre des Affaires sociales et de la Santé, avait annoncé le 25 mai dernier l’accès universel aux traitements contre l’hépatite C et affiché sa volonté de faire baisser significativement le prix de ces médicaments.
Un arrêté en date du 10 juin avait marqué une première extension des conditions d’accès, toutefois sans modification de prix. Le 4 janvier dernier, les arrêtés inscrivant l'association d'Elbasvir et de Grazoprévir (Zepatier, MSD) sur la liste des spécialités pharmaceutiques agréées à l'usage des collectivités et divers services publics ont été publiés au « Journal officiel ».
Zepatier sera le premier traitement à ne pas être réservé aux patients infectés par le virus de l'hépatite C ayant un stade de fibrose 2 ou supérieur et le seul médicament de sa catégorie à ne pas nécessiter systématiquement l'avis d'une réunion de concertation pluridisciplinaire (RCP).
Une RCP devra se tenir dans le cas des patients ayant connu l’échec d'un premier traitement par antiviraux d'action directe. Sur le plan hépatique, une RCP devra avoir lieu pour les patients ayant une cirrhose grave, compliquée ou ayant des antécédents de cirrhose grave, ceux étant en pré ou post-transplantation hépatique, ayant un carcinome hépatocellulaire ou un antécédent de carcinome hépatocellulaire et ceux coinfectés par le VHB ou un autre virus à tropisme hépatique. Sur le plan des comorbidités la tenue d’une RCP est rendue obligatoire en cas de coinfection avec le VIH, d’insuffisance rénale, d’hémodialyse chronique et de tout état de santé ou traitement pouvant interférer avec la prise en charge de l'hépatite C.
Encore du chemin à parcourir pour une réelle universalité
Si Zepatier est l'antiviral le moins cher sur le marché (28 700 euros le traitement de 12 semaines) les associations pointent toujours des prix trop élevés et de nouvelles négociations au sein du comité économique des produits de santé (CEPS) sont d’ailleurs prévues pour revoir à la baisse le prix des traitements de Gilead (Harvoni et Sovaldi) et d'AbbVie (Viekirax et Exviera) et des arrêtés sont attendus pour ouvrir les traitements de Gilead et d'AbbVie à l'ensemble des patients.
Un collectif de trois associations (Médecin du Monde, SOS hépatites et le Comité pour la santé des exilés) fait d’autre part valoir que le Zepatier est seulement efficace pour les patients de génotype 1 et 4, quel que soit le stade de fibrose. Un quart des malades en France ont un génotype différent et ne sont donc pas éligibles à ce médicament.
Dans ce communiqué, le gouvernement est également appelé à disposer de la « licence d’office » prévue par le code de la propriété intellectuelle qui permet à l’état de s’approvisionner en médicaments génériques ainsi que de la possibilité de fixer unilatéralement le prix du médicament dans l'intérêt de la santé publique.
Frédéric Haroche