Prix trop élevés des médicaments : l’OCDE monte au créneau

Paris, le mercredi 18 janvier 2017 - Dans un rapport publié le 16 janvier et intitulé Nouvelles technologies de santé : gérer l’accès, la valeur et la durabilité, l’Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE) s’inquiète de « la multiplication de médicaments très onéreux et (de) la hausse des prix des médicaments » qui génèrent des « pressions de plus en plus lourdes sur les dépenses publiques de santé ». Selon elle, il est temps de remettre en question les stratégies tarifaires de l’industrie pharmaceutique par l’instauration d’une collaboration étroite entre les pouvoirs publics, les industriels et les instances de réglementation. L’objectif affiché est ambitieux : favoriser l’émergence de traitements plus abordables et d’un meilleur rapport qualité-prix tout en continuant à encourager l’innovation.

Bien qu’ils soient le plus souvent bénéfiques aux patients, « les médicaments onéreux n'apportent pas nécessairement un bénéfice thérapeutique proportionné à leur coût », font remarquer les auteurs du rapport. En guise d’exemple, ils précisent que les prix de lancement des traitements anticancéreux aux Etats-Unis, ajustés à l’inflation et rapportés à une année de vie gagnée, ont quadruplé en l’espace de 20 ans pour atteindre 207 000 dollars en 2013. A l’instar de la tendance relevée dans le champ de l’oncologie, le même constat est fait pour le marché des médicaments orphelins dont la situation est qualifiée de « préoccupante ».

Pour un rééquilibrage entre industriels et payeurs

Réunis le 17 janvier au siège de l’organisation, à Paris, les ministres de la Santé des pays membres n’ont pas encore adopté de résolution sur le thème du prix des médicaments, mais ont discuté des attendus du rapport et des propositions qui en émanent. La plus importante d’entre elles propose un « rééquilibrage entre le pouvoir de négociations des organismes payeurs et celui des producteurs ». Celui-ci pourrait être facilité par une plus grande transparence et un renforcement de la coopération entre les payeurs des initiatives internationales d’achats groupés, comme cela a été testé en Europe et en Amérique latine. Le principe de fixation du prix final en fonction de la performance constitue également une piste envisagée, pour autant que « les coûts de gestion et les coûts administratifs soient maîtrisés ».

A l’occasion de cette rencontre, la ministre française de la Santé, Marisol Touraine, a tenu à rappeler que, « sur ces questions, la France est aux avant-postes ». Outre le lancement en 2015 du Plan national de promotion des médicaments génériques, la ministre a également évoqué les accords de prix qui ont été signés dans le champ des traitements innovants contre le cancer, celui concernant l’accès pour tous les malades au nouveau traitement de MSD contre l’hépatite C (Zepatier), sans compter les négociations en cours pour baisser les prix des autres médicaments qui « doivent aboutir très prochainement ». Pour M. Touraine, « la communauté internationale doit agir de concert » pour « faire face aux résistances et aux lobbies ».

Benoît Thelliez

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