
Paris, le samedi 21 janvier 2017 – Réduire le cinéma fantastique à un déluge de performances techniques pour amoureux de belles images fait perdre certains de ses aspects les plus profonds et notamment sa capacité à figurer l’indicible. Le genre atteint ainsi cette mission avec le dernier film de Juan Antonio Bayona Quelques minutes après minuit. Tiré d’un roman jeunesse à grand succès, le troisième opus du cinéaste espagnol évoque la souffrance d’un petit garçon, dont la mère gravement malade va bientôt mourir. Ce deuil à venir et la souffrance de l’enfant sont symbolisés par son échappée dans un monde imaginaire où des créatures extraordinaires et monstrueuses vont peu à peu le conduire sur ce chemin inéluctable de la perte et de l’absence. A travers la présence de ces êtres fantastiques, le film atteint une dimension poétique rare.
Coup de tonnerre
Les monstres ne sont pas toujours à l’extérieur, ils peuvent également nous hanter. Quel est le démon qui happe Hélène Jégado ? L’une des plus célèbres empoisonneuses de l’histoire est l’héroïne du film Fleur de Tonnerre inspiré du roman de Jean Teulé. Le film suit pas à pas la déraison et la cruauté froide de cette jeune femme qui aura tué plusieurs dizaines de personnes en truffant les plats de ses employeurs d’arsenic. Déborah François, feu sous la glace, incarne la meurtrière et donne vie à ses monstres intérieurs, dans un film aux images léchées qui rend hommage à la beauté mais qui ne permet pas totalement d’appréhender les raisons de l’empoisonneuse.
Coup de théâtre
Surpassant très largement la meurtrière du XIXème siècle,
Staline est le héros monstrueux d’un film décalé, réalisé par Fanny
Ardant. Dans Le Divan de Staline, le monstre sacré du cinéma
français, Gérard Depardieu prête ses traits au dictateur
soviétique. Sommé de se reposer, Staline passe trois jours avec sa
maîtresse à laquelle il impose un jeu troublant : mimer une
psychanalyse. Mais la jeune femme qui mène une double vie va piéger
le dictateur en interprétant ses rêves et ses cauchemars dans un
jeu de miroir qui devient un labyrinthe passionnant entre pouvoir,
vérité et trahison.
Cinéma:
Quelques minutes après minuit, de Juan Antonio Bayona, 4
janvier, 1h48
Fleur de Tonnerre, de Stéphanie Pillonca-Kervern, 18
janvier, 1h40
Le Divan de Staline, de Fanny Ardant, 11 janvier,
1h32
Aurélie Haroche