Dans la boîte !

Glasgow, le samedi 21 janvier 2017 – Dans quelques semaines, tous les futurs parents écossais en recevront une. C’est une boîte en carton contenant un tapis de jeu, un matelas à langer, un thermomètre numérique, des bodys pour nourrissons, une serviette de bain, quelques couches et de nombreux autres ustensiles nécessaires pour prendre soin d’un nouveau-né. Une fois déballée, la boîte est faite de telle manière qu’elle peut être utilisée comme un berceau pour accueillir le bébé.

De génération en génération

Si les parents écossais découvrent la « baby box », les Finlandais l’expérimentent depuis plusieurs générations. Cette opération est en effet conduite sans interruption depuis 1938. En fonction des époques, la boîte a répondu à des ambitions différentes. Lors de son lancement, il s’agissait de lutter contre la mortalité infantile, en offrant aux familles les plus démunies des éléments essentiels pour assurer la survie de l’enfant. L’initiative a été couronnée de succès. Puis, la boîte a permis de transmettre des messages sur la sécurité de l’enfant, notamment en ce qui concerne les bonnes règles de couchage. Elle a encore offert la possibilité de diffuser des recommandations concernant l’allaitement. Aujourd’hui, la boîte est perçue comme un dispositif quasiment traditionnel et bien que certains de ses objectifs soient aujourd’hui dépassés (mais pas nécessairement chez les plus pauvres) elle reste plébiscitée en Finlande.

Lutter contre la mort subite du nourrisson et promouvoir l’allaitement

Aussi, le dispositif a-t-il séduit l’Écosse. Prôner l’allaitement et rappeler les règles en matière de couchage (et s’assurer par l’envoi de la boîte dotée d’un matelas que l’enfant dispose d’un endroit propre pour dormir) figure parmi les premiers objectifs. Très fière de l’initiative, Nicola Sturgeon, premier ministre de l’Écosse, en a assuré la première distribution le 1er janvier dernier.

Cependant, cette opération suscite ces derniers jours de nombreuses critiques. D’abord, beaucoup ont regretté le choix de certains des textes accompagnant l’envoi de la boîte. On découvre par exemple un poème de la poétesse écossaise Jackie Kay qui est une ode à la maternité. La présentation idyllique de la naissance et des soins à l’enfant contrasterait avec la réalité vécue par de nombreuses femmes et couples. Certaines associations soutenant les femmes souffrant de dépression post natale sont montées au créneau redoutant que ce message ne pousse davantage encore les nouvelles mères à se sentir coupables de ressentir de l’anxiété ou de la tristesse et à renoncer à demander de l’aide.

Protection universelle

Surtout, dans un contexte où les difficultés financières du NHS sont régulièrement dénoncées à la une des journaux, beaucoup se sont interrogées sur la pertinence d’une opération aussi coûteuse, dont les objectifs auraient pu être atteints par d’autres moyens.

Mais, tous ne partagent pas cette hostilité. Certains observent que l’envoi de la baby box à toutes les familles, quelles que soient leurs ressources, permet de renouer avec la tradition d’universalité du NHS qui soigne tout aussi bien les plus pauvres que les plus riches. Cité par le blog du Monde Big Browser, le magazine New Statesman remarque ainsi qu’une telle mesure permet de mettre en exergue d’une part l’utilité des impôts et d’autre part le fait que ces derniers bénéficient à tous et non pas uniquement aux plus pauvres ou aux plus âgés, des arguments régulièrement ressassés dans la vie politique britannique. Enfin, le journal rappelle que les dépenses réalisées en faveur des nouveau-nés sont généralement bénéfiques sur le long terme pour la santé des enfants.

Léa Crébat

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