
Paris, le samedi 25 février 2017 – Nous l’avons déjà évoqué : une grande partie de la communauté scientifique américaine considère l’arrivée de Donald Trump comme une menace visant l’indépendance de la recherche et la poursuite de certains travaux dans plusieurs domaines. En effet, le nouveau président des Etats-Unis n’a pas hésité à remettre en cause à plusieurs reprises la réalité de différents faits scientifiques et n’a jamais caché le peu de cas qu’il accordait à de nombreuses études, portant notamment sur l’efficacité des vaccins ou le réchauffement climatique. Quel salut pour ceux qui conservent pourtant toujours le désir de voir triompher la vérité scientifique ?
Une terre patrie pour l’excellence
La France : a répondu vibrant il y a quelques semaines le candidat à l’élection présidentielle, Emmanuel Macron. « Je veux lancer un appel solennel à tous les chercheurs, à tous les universitaires, à toutes les entreprises qui, aux Etats-Unis, se battent contre l’obscurantisme, et à toutes celles et ceux qui, ces derniers jours, se sont exprimés en ayant peur que, parce qu’ils se battaient pour la recherche sur le plan du climat, pour la recherche sur les perturbateurs endocriniens, pour la recherche en matière de pollution, pour la recherche en matière d’améliorations des énergies renouvelables… Que toutes celles et ceux qui font l’innovation et l’excellence aujourd’hui aux Etats-Unis nous entendent et nous voient. Vous avez aujourd’hui et vous l’aurez à partir du mois de mai prochain une terre patrie : ce sera la France » a ainsi défendu le président d’En marche.
Toujours mieux payé aux Etats-Unis
Les scientifiques américains répondront-ils à l’appel ? Pour l’heure, comme l’ont révélé des chiffres publiés par Libération les chercheurs venus d’outre-Atlantique sont peu nombreux à avoir frappé à la porte des laboratoires français. Seules 6 % des demandes de titres de séjours pour motif « scientifique » concernent des résidents américains (soit 201 personnes). Il faut dire que même s’ils pourraient goûter un climat politique plus favorable, voire une douceur de vivre qui fait parfois défaut dans les grands instituts outre-Atlantique, les chercheurs américains seraient nécessairement refroidis par les conditions budgétaires. Outre les différences entre les moyens alloués à la recherche en France et aux Etats-Unis, qui ont un impact certain sur les conditions de travail, les salaires connaissent des écarts importants. Ainsi, un maître de conférence perçoit en France une rémunération brute qui varie entre 2 146,20 euros (premier échelon maître de conférence) et 3 865 euros (cinquième échelon maître de conférence hors classe, après cinq ans). Le grade équivalent aux Etats-Unis, l’associate professor, perçoit une rémunération moyenne de 5 825,91 euros par mois (des différences importantes existent cependant en fonction des universités).
Faute d’Américains, d’autres cerveaux pourraient nous rejoindre
Ces seuls chiffres permettent en grande partie d’expliquer les raisons qui ne font pas de la France une terre d’élection pour les chercheurs américains, auxquelles s’ajoutent sans doute une organisation de la recherche bien différente ou encore la barrière de la langue. Cependant, plutôt que des chercheurs américains, les scientifiques étrangers pour lesquelles les conditions d’entrée aux Etats-Unis sont ou seront durcis pourraient choisir de rejoindre la France, une autre terre d’excellence de la recherche.
Léa Crébat