Paris, le samedi 4 mars 2017 – Les nouvelles technologies ne font pas toujours le lit de l’innovation. Elles peuvent au contraire être utilisées pour redynamiser des pratiques existant bien avant l’invention du téléphone. Il s’agit ainsi régulièrement de donner un aspect moderne à ce qui est intemporel. Telle la visite à domicile. C’est une pratique qui se perd, notamment dans nos grandes villes. Faible rentabilité de l’acte (en dépit de quelques maigres revalorisations), problèmes d’insécurité dans certaines zones, difficultés pour se garer, concurrence avec différents services bien organisés du type Sos Médecins , les généralistes sont de moins en moins nombreux à pratiquer des visites à domicile. Pourtant, les patients se montrent toujours demandeurs : le fantasme du médecin de village que l’on appelle à deux heures du matin parce que la petite a une mauvaise fièvre n’a pas vécu. Les enquêtes concernant le renoncement aux soins montrent que la difficulté de pouvoir obtenir une consultation rapide en est une raison fréquente.
Une application pour mettre en contact médecins et patients
Parallèlement à ce constat, on connaît les réticences des jeunes médecins à s’installer en ville. Les contraintes économiques et administratives d’une telle démarche dissuadent beaucoup de franchir le pas. Les remplacements ou l’intégration de services tels que Sos Médecins ne représentent pas toujours la panacée pour contourner les obstacles de l’installation en son nom propre. Beaucoup de jeunes praticiens considèrent que les modèles existant sont à réinventer pour accroitre l’attractivité de ce mode d’exercice. Forts de ce constat et convaincus par les promesses offertes par les nouvelles technologies, deux jeunes médecins généralistes et un de leurs amis spécialisé dans l’ingénierie patrimoniale lancent Docadom. Il s’agit d’une application, qui à la manière d’Uber, met directement en contact les patients désireux de bénéficier d’une consultation à domicile et un des médecins du réseau Docadom. Ici, pas de plateforme d’appel coûteuse : le logiciel permet d’éviter ce type d’interface et offre une plus grande souplesse de gestion à tous.
Une voiture et une faible commission !
Pour les médecins, les avantages de Docadom, par rapport à une
affiliation à Sos Médecins concernent le niveau de la "commission"
qui ne dépasse pas 10 % (contre 25 % chez Sos Médecins ou entre 20
et 30 % en cas de remplacements). Par ailleurs, Docadom promet de
mettre à disposition des praticiens « un moyen de mobilité
(voitures ou scooters hybrides, un service comptable et un kit clé
en main. Pour ce dernier, il s’agira d’un sac à dos remis au
médecin avec l’ensemble du matériel médical nécessaire »,
détaille dans les colonnes de Pourquoi Docteur, le docteur Marc
Postel-Vinay à l’origine de ce projet. Une grande souplesse dans la
gestion du planning est également offerte : les praticiens peuvent
choisir de bloquer au choix une ou plusieurs des quatre lignes de
garde (6-8h, 8h-14h, 14h-20h, 20h-minuit).
Pour les patients, Docadom est une promesse de trouver un médecin
en quelques clics et d’être averti en temps réel du moment où son
praticien arrivera. Le tarif sera le même que celui de la Sécurité
sociale (ce qui constitue encore une fois une différence avec
d’autres services).
Déjà outre-Atlantique…
C’est au mois d’avril que la plateforme devrait être lancée dans les 17ème, 18ème, 19ème et 20ème arrondissements. Enthousiastes, les trois responsables de Docadom espèrent un élargissement rapide de leur champ d’action. Il reste à savoir cependant quel accueil les médecins réserveront à ce dispositif que certains qualifient déjà comme une ubérisation de la médecine. On relèvera que ce n’est pas la première fois que les nouvelles technologies se mettent au service de la relance de la visite à domicile. Aux Etats-Unis, s’inspirant du réseau Sos médecins existant en France, trois dynamiques entrepreneurs (le Français Gaspard de Dreuzy, le Suisse Philip Eytan et Carlos Salazar cofondateur d’Uber) se sont associés l’année dernière pour créer l’application Pager. Grâce à cette plateforme, les utilisateurs peuvent bénéficier d’une consultation à domicile dans les deux heures. Le dispositif a connu un tel succès qu’elle a fait des émules et que d’autres logiciels se sont créés. Des innovations qui témoignent comment certaines techniques numériques peuvent favoriser le retour à des valeurs anciennes et éprouvées !
Aurélie Haroche
