Noyades : des étés toujours aussi meurtriers

Paris, le mercredi 19 avril 2017 – Chaque année à l’approche de l’été, les pouvoirs publics rappellent les recommandations élémentaires pour prévenir les noyades qui tuent près de 500 personnes par an. La législation s’est par ailleurs renforcée depuis 2004 pour imposer l’installation d’au moins un dispositif de sécurité autour des piscines privées. Néanmoins, les précautions d’usage sont encore loin d’être systématiquement respectées, suggérant la nécessité de messages d’information plus percutants (à l’instar de ce qui est pratiqué outre-Atlantique ou outre Manche), tandis que l’accent devrait sans doute être davantage mis sur l’apprentissage précoce de la nage (de nombreux efforts sont déjà localement réalisés dans ce sens).

Des chiffres stables depuis dix ans

Le Bulletin épidémiologique hebdomadaire (BEH) publié hier incite à cette nouvelle piqûre de rappel, avec la présentation des chiffres concernant les noyades accidentelles en 2015. L’enquête a porté sur les mois de juin à septembre en s’appuyant sur les données de l’Institut de veille sanitaire et la Direction générale de la sécurité civile et de la gestion des crises du ministère de l’Intérieur. Ces travaux recensent l’ensemble des victimes, qu’il s’agisse d’accident ou non et que l’issue ait été ou non fatale. Quelques 1 266 noyades ont été comptabilisées en 2015, un chiffre relativement stable depuis une quinzaine d’années, le chiffre oscillant entre 1 154 (en 2003, la meilleure année) et 1 366 (en 2009 l’année la plus meurtrière). En dépit de quelques variations, la France ne parvient pas à passer en dessous de la barre des 1 000 noyades accidentelles, tandis que le taux de mortalité oscille entre 32 et 40 %, atteignant 34 % cette année, ce qui représente 436 décès.

Des lieux et des circonstances différentes en fonction de l’âge des victimes

Les noyades concernent majoritairement les adultes (46 % des victimes ont plus de 45 ans), mais les enfants payent un lourd tribut, avec 29 décès en 2015. La mer est le lieu le plus dangereux avec 637 noyades accidentelles, loin devant les piscines privées (241), les cours d’eau (157) et les plans d’eau (132). Les accidents concernant les plus âgés se produisent principalement en mer, en raison pour les plus de 45 ans d’un problème de santé dans près de la moitié des cas. Les enfants au contraire périssent plus souvent en piscine privée en raison d’un manque de surveillance des adultes. « En plan d’eau et cours d’eau, la majorité était des adultes ayant fait une chute ; en plan d’eau, les noyades avaient souvent lieu dans une zone de baignade non surveillée ; en cours d’eau souvent dans une zone de baignade interdite. Dans les autres lieux (baignoires, bassins, piscines gonflables, etc.), les victimes étaient majoritairement des enfants de moins de 6 ans » détaille encore l’étude publiée dans le BEH. Ces résultats confirment que les noyades représentent un enjeu de santé publique qui nécessite une véritable mobilisation pour faire régresser cette mortalité en très grande partie évitable.

Aurélie Haroche

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