Prison et radicalisation: une arme à double tranchant

L’actualité terroriste récente a remis en avant le risque de radicalisation en prison. Mais qu’en est-il exactement ? La prison est-elle réellement une fabrique de terroristes ? Pas vraiment, selon Nils Verbeeck, médecin des prisons à Anvers, qui rappelle par la même occasion que retrouver la foi ou se convertir n’est pas la même chose que se radicaliser.

A contrario, tout emprisonnement est une atteinte à l’estime de soi et à l’identité sociale. Dans ces conditions, les plus vulnérables cherchent protection auprès de groupes qui ‘transpirent’ la force et disposent de règles claires avec, à leur tête, des leaders forts. Ce qui conduit de nombreux délinquants à se criminaliser davantage. Cette criminalisation se marque notamment par la formation de gangs en prison, une réalité quotidienne avec laquelle doivent composer les autorités pénitentiaires. Pour éviter ce risque, de plus en plus de directeurs de prison développent des structures de contact social (par le sport notamment) de manière à éviter la déstructuration et la frustration des détenus, frustration qui, elle, fait le lit de la radicalisation et de l’extrémisme. La prévention de la radicalisation en prison est dans ce sens un meilleur outil et un outil plus facile à utiliser que la déradicalisation des personnes identifiées comme telles. Alors, « oui » la prison est une fabrique de terroristes, et « non » la prison n’est pas une fabrique de terroristes, …, si on le voulait vraiment, conclut-il.

Dr Dominique-Jean Bouilliez

Références
Verbeeck N: Role of detention in the process of radicalisation. 25th European Congress on Psychiatry (Florence): 1-4 avril 2017

Copyright © http://www.jim.fr

Réagir

Vos réactions

Soyez le premier à réagir !

Les réactions aux articles sont réservées aux professionnels de santé inscrits
Elles ne seront publiées sur le site qu’après modération par la rédaction (avec un délai de quelques heures à 48 heures). Sauf exception, les réactions sont publiées avec la signature de leur auteur.

Réagir à cet article