
La dépression s’accompagne fréquemment de troubles cognitifs chez les personnes âgées. Par ailleurs, l’effet des antidépresseurs sur les performances cognitives, notamment sur les fonctions exécutives et sur la vitesse de traitement de l’information, fait l’objet de nombreux travaux dont les résultats sont parfois contradictoires. La nécessité d’un traitement antidépresseur et sa balance bénéfice-risque doivent donc être soigneusement pesés, en particulier dans les dépressions subsyndromiques.
L’exploration du lien entre l’utilisation d’antidépresseurs et la survenue d’un déclin cognitif a été à l’origine d’une étude récente. Menée par une équipe de Montpellier, elle inclut 7 381 personnes âgée de 65 ou plus. Cinq domaines de la cognition ont été évalués à 5 reprises au cours du suivi, d’une durée totale de 10 ans.
Au départ de l’étude, 4 % des personnes incluses étaient sous antidépresseurs et prenaient encore le même traitement à la visite d’évaluation des 2 ans. Il s’agissait d’un tricyclique pour 1,2 % des patients, d’un inhibiteur sélectif de recapture de la sérotonine pour 2,2 % et d’une autre classe d’antidépresseurs pour 0,7 %.
Moindres fluidité verbale et vitesse psychomotrice mais pas d’atteinte des fonctions exécutives et de la cognition globale
A la première évaluation, les patients qui prenaient un antidépresseur tricyclique avaient des performances inférieures en ce qui concerne la fluidité verbale, la mémoire visuelle et la vitesse psychomotrice, alors que les sujets sous inhibiteurs sélectifs de recapture de la sérotonine avaient de moins bonnes performances pour la fluidité verbale et la vitesse psychomotrice. Il n’est toutefois pas possible de savoir si ces troubles existaient ou non avant l’initiation du traitement. Les fonctions exécutives et la cognition globale ne sont en revanche pas altérées au démarrage de l’étude chez les personnes sous antidépresseurs.
Bien que la cohorte ne comporte qu’un faible nombre de patients dépressifs, cette étude semble indiquer que les traitements antidépresseurs ne favorisent pas la dégradation des fonctions cognitives. Au fil des évaluations de suivi il n’apparaît pas en effet de différence significative en terme de déclin cognitif, entre les patients sous antidépresseurs et les autres, si ce n’est une légère amélioration dans la fluidité verbale pour les patients sous tricycliques. Les auteurs notent que la baisse des fonctions cognitives constatée chez certains patients traités au départ ne s’aggrave pas au cours du suivi de 10 ans.
Dr Roseline Péluchon