Prévenir, ou, à tout le moins, ralentir l’évolution de la maladie d’Alzheimer est le rêve de nombreux cliniciens, …, et de nombreux chercheurs. La difficulté réside cependant pour eux dans le fait que l’apparition des symptômes de la maladie est une mesure trop éloignée et trop imprécise pour mener des recherches « de qualité ». Il faut donc trouver des biomarqueurs et/ou des indicateurs cliniques précoces de ce risque, de manière à pouvoir proposer des mesures préventives le plus tôt possible.
Des recherches récentes ont montré que des modifications structurelles et fonctionnelles cérébrales sont présentes plusieurs années avant l’apparition des symptômes de la maladie d’Alzheimer. Les identifier devrait permettre de développer des mesures de protection. Mais, nous savons que ces études ont été effectuées chez des personnes âgées alors qu’il est déjà trop tard. Alors, quand les débuter ? Il faudrait cibler des personnes plus jeunes, indemnes de tout symptôme.
Une équipe menée par Karen Ritchie, qui partage son temps entre l’université d’Edimbourg et l’université de Montpellier, s’est attelée à cette tâche avec l’étude PREVENT. Cette dernière a inclus 210 personnes d’âge moyen qui ont été réparties selon 3 groupes de risque définis en fonction de la présence d’antécédents familiaux de démence, du statut de l’ApoE et du score CAIDE* Dementia Risk Score. Plusieurs biomarqueurs vont être étudiés: la présence de protéine bêta-amyloïde au sein du LCR, la phosphorylation de la protéine tau, les conséquences en imagerie de la neuro-inflammation (l’activation de la microglie précède l’apparition de plaques), le volume de l’hippocampe et du cortex entorhinal, la cognition (évaluée selon plusieurs échelles validées), et les indices de dysrégulation de l’axe hypothalamo-hypophyso-surrénalien (dysfonction immunitaire chronique induite par le stress, insulinorésistance, hypercoagulation sanguine, hypertension).
Pratiquement, outre les tests neurocognitifs, les personnes enrôlées auront régulièrement une évaluation biologique du taux de bêta-amyloïde, une mesure dans le LCR de cette même protéine et de la protéine tau, un examen salivaire, et une neuroimaginerie structurelle et fonctionnelle comprenant également un TEP-scan pour évaluer le dépôt en protéine bêta-amyloïde. Les premiers résultats exprimés en fonction du risque général préétabli seront présentés sous peu. On les attend avec impatience…
*Cardiovascular risk factors, Aging and Incidence of DEmentia
Dr Dominique-Jean Bouilliez