Infections respiratoires basses: pas d’antibiotiques automatiques !

Les infections respiratoires aiguës non compliquées sont un motif courant de consultation en soins primaires. Et, il n’a pas été clairement démontré que l’antibiothérapie en première intention apportait un bénéfice incontestable. Elle est, en revanche, associée à une augmentation du coût des traitements, à un taux plus élevé de re-consultations pour de nouveaux épisodes, à la médicalisation de pathologies souvent spontanément résolutives et contribue à l’augmentation des résistances aux antibiotiques. Mais, en l’absence d’antibiothérapie, tant les praticiens que les patients redoutent une aggravation de la maladie et la survenue de complications, et les praticiens craignent éventuellement les conséquences médico-légales. Car, si les travaux antérieurs ne montrent pas de bénéfice à prescrire des antibiotiques dans cette situation, ils ne document pas non plus très précisément l’impact des antibiotiques sur les complications graves, hospitalisations ou décès.

Cette lacune est maintenant comblée. Le British Medical Journal publie en effet les résultats d’une étude réalisée au Royaume-Uni, menée dans l’objectif de préciser l’impact de différentes stratégies de prescription d’antibiotiques dans les infections respiratoires basses de l’adulte. Au total, près de 30 000 patients ont été inclus, consultant pour une infection respiratoire basse.

Malgré ce nombre important de participants, il est impossible de démontrer que le traitement antibiotique, aussi bien immédiat que différé, est associé à une réduction significative du risque d’hospitalisation ou de décès. L’analyse multivariée ne montre aucune réduction de ces risques après antibiothérapie immédiate (RR [Risque Relatif] = 1,06 ; intervalle de confiance à 95 % de 0,63 à 1,81). Après une antibiothérapie différée, la réduction du risque n’atteint pas la signification statistique (0,81 ; 0,41 à 1,64).

Sans antibiothérapie, il apparaît, en revanche, que les re-consultations sont fréquentes pour de nouveaux symptômes (19,7 %), pour une aggravation (25,3 %), ou pour la persistance des symptômes initiaux (14,1 %), et que l’antibiothérapie différée réduit significativement ce risque de re-consultations (RR = 0,64 ; 0,57 à 0,72) alors que ce n’est pas le cas pour une antibiothérapie immédiate (0,98 ; 0,90 à 1,07 ; p = 0,66).

Dr Roseline Péluchon

Références
Little P et coll.: Antibiotic prescription strategies and adverse outcome for uncomplicated lower respiratory tract infections: prospective cough complication cohort (3C) study
BMJ 2017 ; 357: j2148.


http://www.bmj.com/content/bmj/357/bmj.j2148.full.pdf

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Vos réactions (1)

  • Importance du diagnostic clinique

    Le 27 mai 2017

    Étrange travail dont les conclusions me semblent bien discutables : à la lecture (rapide donc peut-être n'aies-je pas compris) de l'article original (http://www.bmj.com/content/357/bmj.j2148.long) ce ne sont pas deux groupes randomisés soumis ou non à une antibiothérapie (ABt) mais des patients où les médecins ont décidé, après pose du diagnostic, de prescrire où non une ABt. Or chacun sait que des "infections basses" (terme bien vague recouvrant bien des étiologies) relèvent impérativement de l'ABt (pneumonie lobaire aiguë, surinfection de la grippe...) et d'autres non (au moins les viroses sans surinfections bactériennes). Il m'apparait donc que ce travail montre l'excellence des diagnostics distinguant habilement ce qui relève ou non de l'ABt plutôt que de l'efficacité intrinsèque - ou non - de celle-ci dans tous les cas, en vrac, "d'infections basses"...

    Dr. Y. Gille, microbiologiste.

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