Une équipe autrichienne a rapporté à Baltimore qu'en "nourrissant" un ordinateur avec des tomographies rétiniennes en cohérence optique (minimum 5 clichés successifs à intervalle de 3 mois) provenant de 38 sujets (61 yeux) ayant une dégénérescence maculaire liée à l'âge (DMLA) débutante ou intermédiaire, elle avait pu construire un algorithme de prédiction d'une régression des drusen, dépôts lipidoprotidiques qui sont considérés comme caractéristiques des stades précoces et intermédiaires de la DMLA et dont la diminution soudaine est fortement associée au passage vers le stade tardif sévère (1).
Dans le travail en question, 938 drusen ont été évalués dans le cadre d'un suivi allant de 36 à 84 mois. 71 ont régressé d'au moins 10 % et la performance de prédiction s'assortissait d'une sensibilité de 73 % et d'une spécificité de 70 %
Pour bien comprendre l'intérêt de ce travail, il importe de souligner qu'il n'y a pas de traitement efficace pour les stades précoces et intermédiaires de la DMLA et que ce n'est que lorsque le passage vers le stade sévère est entamé que les anti-VEGF peuvent être utilisés pour prévenir la progression et minimiser l'évolution. Pouvoir préciser le moment où ce passage s'effectue est donc très important pour le pronostic visuel.
Reste cependant que la réduction de la taille des drusen n'est peut-être pas le paramètre idéal car elle n'est ni nécessaire, ni suffisante pour affirmer le passage vers le stade sévère. Ainsi cette même équipe autrichienne (2) rapporte que, dans la plupart des cas, chez un même patient, il y a simultanément des augmentations et des diminutions de taille des drusen et que ce sont sans doute plus les variations dynamiques de taille et donc de volume total des drusen qui sont associées au passage vers le stade sévère. Ce n'est qu'en cas d'évolution vers une atrophie géographique (5 yeux) qu'il y a systématiquement régression du volume total des drusen. En cas de conversion vers la forme humide (7 yeux), il y a eu régression dans 4 cas et progression dans 3 cas.
Dr Jean-Claude Lemaire