Les nourrissons vaccinés contre l’hépatite B seront-ils toujours protégés à l’adolescence ?

Le vaccin recombinant anti-hépatite B est efficace pour prévenir les infections par le virus de l’hépatite B (VHB), y compris les complications à long terme, cirrhose et cancer du foie. Dans les pays de forte endémie virale, le recours à la vaccination a conduit à une importante baisse de l’incidence des infections aiguës et chroniques et les études de suivi ont montré une protection étendue à plusieurs décennies. Des infections peuvent occasionnellement survenir, plus fréquemment après les vaccinations des nourrissons, habituellement sans aboutir à une infection chronique. Prévenir l’infection chronique et réduire la transmission à l’âge adulte sont de fait les buts de la vaccination ciblant les nourrissons et/ou les préadolescents.

Une étude prospective conduite à Vancouver s’était donné pour objectif de déterminer si la vaccination des nourrissons remplissait bien ces deux objectifs, en mesurant l’immunité résiduelle 10 à 16 ans plus tard. Les adolescents enrôlés devaient avoir été vaccinés à 2, 4 et 6 mois. Les critères d’exclusion étaient une infection préalable par VHB et une dose supplémentaire de vaccin.

Un faible taux d’anticorps dans 70 % des cas

Des dosages d’anticorps anti-HBs ont été pratiqués soit à 10-11 ans soit à 15-16 ans. Sur les 350 participants, aucun n’avait d’anticorps anti-HBc ni d’antigène HBs témoignant de l’absence d’infection. Les 106 participants (30 %) avec un taux d’anticorps ≥ 12mIU/mL, considérés comme protégés, ont été exclus de l’étude. Des titres d’anti-HBs <12 mIU/m ont été constatés chez 107/137 des 10-11 ans (78,1 %, dont 51% avaient des taux indétectables) et 137/213 des 15-16 ans (64,3 %, dont 36 % de taux indétectables) (P = 0,006). Ceux-ci ont reçu une dose test de vaccin (Engerix B®10 mcg), suivie 28 jours (± 7 jours) d’un nouveau dosage d’anticorps pour évaluer la réponse anamnestique.

Cent trois des plus jeunes (sur 106 ; 97,2 %) et 123/135 (91,1%) des plus âgés ont eu une élévation des anticorps ≥ 12mIU/mL (P = 0,06) avec une moyenne géométrique des taux d’anticorps à 590 mIU/mL (intervalle de confiance à 95 % [IC] 473-737) pour les premiers et 319 mIU/mL (IC 229-445) pour les seconds (P = 0,004). Une perte de la mémoire immunitaire a été constatée pour 3 des plus jeunes (2,2 %) et 12 des plus âgés (5,6 %, P=0,06). Douze de ces 15 enfants ont répondu à une 2ème injection, 3 ont été classés non répondeurs.

Ainsi, après vaccination à 2, 4 et 6 mois, la plupart des adolescents ont des taux d’anticorps faibles ou nuls mais répondent bien à une injection de rappel, confirmant la persistance d’une mémoire immune avec une meilleure réponse à 10-11 ans qu’à 15-16 ans. Il faut rappeler qu’en France en 2017, le vaccin est recommandé à 2, 4 et 11 mois (pour une meilleure réponse) mais le rappel n’est réservé qu’à des cas particuliers.

Pr Jean-Jacques Baudon

Référence
Pinto M et coll. : Will infant hepatitis B vaccination protect into adulthood? Extended Canadian experience after a 2-, 4- and 6-month immunization schedule. Pediatr Infect Dis J., 2017; 36: 609-615

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Vos réactions (4)

  • Pas utile

    Le 21 juin 2017

    La vaccination des nourrissons contre l'hépatite B ne semble donc pas d'une grande utilité.
    Autant pratiquer la vaccination vers 12 ans.
    Article à transmettre à la nouvelle ministre de la santé.

    Dr Bernard Albouy

  • Etudes

    Le 21 juin 2017

    Le Docteur Le Houézec a publié sur pédiablog l'ensemble des études parues sur le sujet et les résultats sont quasi unanimes. Certaines études montrent même une non réponse à une revaccination: http://pediablogdlh.blogspot.fr/2016/03/vaccin-hepatite-b-quelle-protection.html

    Alors oui on peut se poser la question pourquoi veut on tant vacciner les nourrissons?

    Cathy Gaches
    Présidente du Revahb

  • Sérologie n'est pas protection

    Le 25 juin 2017

    Si cela avait été fait dans un pays d'endémie forte, on aurait pu demander : combien ont, malgré ce schémas vaccinal (qui n'est pas le notre) contracté une hépatite B ? De même que chez les adultes "non répondeurs" à qui l'on "inflige" quatre fois le rappel sans que la sérologie ne bouge, on peut se demander si la protection n'existe pas malgré tout, c'est-à-dire qu'en présence du virus la machinerie immunitaire fait tout de même son boulot et la maladie ne survient pas ; d'autant que cette étude signale que les jeunes "répondent bien à une dose de rappel" : peut-être que le virus lui-même jouerait ce rôle, évitant ainsi l'infection ?

    Dr Blandine Courtot

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