Canicule : cri d'alarme des directeurs d'EHPAD ?

Paris, le jeudi 22 juin 2017 – Alors que Météo France a placé, mardi 20 juin, 67 départements en vigilance canicule orange, les hôpitaux de l’Assistance publique des hôpitaux de Paris (AP-HP) ont commencé à enregistrer ce même jour un « nombre légèrement plus important de personnes souffrant de pathologies liées à la chaleur chez les adultes et plus particulièrement chez les personnes âgées de plus de 75 ans ». Les SAMU et centres 15 franciliens ont également enregistré des appels liés à la vague de chaleur, mais l’activité n’a pas significativement augmenté. « On ne constate pas, à ce stade, de retentissement sur le nombre global de passages aux urgences, ni sur le nombre d’admissions ou de transferts en aval des urgences, dans les services de l’AP-HP » a affirmé l’institution dans un communiqué diffusé hier soir. Faut-il y voir le résultat des efforts constants des autorités depuis 2003 pour restreindre les conséquences sanitaires des vagues de chaleur ? Pour certains, ces progrès demeurent pourtant insuffisants, tel Pascal Champvert, président de l’Association des directeurs au service des personnes âgées.

Des « mesures presse-bouton »

Dans les colonnes du Monde, il confirme que depuis 2003 la loi oblige chaque établissement pour personnes âgées à s’équiper d’au moins une pièce climatisée accessible aux résidents et aux personnes venues de l’extérieur. Cependant, à ses yeux, il ne s’agit là que de « mesures presse-bouton » qui ne règlent pas les problèmes. D’autant plus que, selon lui, les résidents seraient réticents à demeurer dans ces pièces jugées trop froides, « certains personnels les emmènent de force par faute de temps, et là, c’est de la maltraitance » souligne-t-il… Pour lui, les véritables améliorations concernent la sensibilisation des populations : « l’Etat a tiré les leçons du point de vue de la circulation de l’information : flashs infos, plan canicule. Mais cela règle 20 % à 30 % du problème ». Le nerf de la guerre, selon lui (et comme toujours !), est l’augmentation du nombre de personnels dans les EHPAD, qui devrait atteindre 8 pour dix résidents contre 5,5 aujourd’hui. Il est convaincu que de nouvelles canicules pourraient entraîner des milliers de morts (même si les vagues de chaleur de ces dernières années ont mis en évidence une mortalité moins importante qu’en 2003).

Arrêtons de détourner l’argent surtout !

En 2004, Jean-Pierre Raffarin a instauré une journée de « solidarité » au cours de laquelle les salariés travaillent sans rémunération afin de financer des « actions en faveur de l’autonomie des personnes âgées ou handicapées » à travers la Caisse nationale de solidarité pour l’autonomie (CNSA), créée à cette époque.

Cette caisse qui permet en théorie de mieux doter les établissements d’hébergement pour personnes âgées dépendantes (Ehpad) est en réalité souvent utilisée par les départements pour financer d’autres dépenses, comme le revenu de solidarité active (RSA). L’Association des directeurs au service des personnes âgées a d’ailleurs demandé solennellement que soit mis «  fin au détournement des crédits destinés aux personnes âgées », dans un communiqué daté du 1er juin.

Enfin,  le directeur de l’AD-PA rappelle sont souhait que soit créé un ministère à part entière en charge des questions liées au vieillissement…Sur ce point, il est loin d’avoir été entendu : on ne compte pas même un secrétariat d’état aux personnes âgées dans le nouveau gouvernement.

Frédéric Haroche

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