Coup de chaleur : comment faire baisser la température

L’hyperthermie maligne d’effort frappe le plus souvent des personnes qui se livrent à des exercices physiques intenses et prolongés dans des conditions climatiques chaudes. Le coup de chaleur classique frappe les individus âgés et sédentaires porteurs de pathologies chroniques, aussi bien que les très jeunes enfants pendant les vagues de canicule. Hyperthermie maligne d’effort et coup de chaleur sont entachés d’une très forte morbi-mortalité, d’autant plus que la mise en route du traitement est tardive. Le diagnostic associe l’anamnèse de l’exposition à la chaleur, une température rectale supérieure à 40°C et un dysfonctionnement du système nerveux central (confusion, désorientation, état stuporeux, convulsions, coma). La mesure thérapeutique phare consiste à ramener au plus vite, la température corporelle à un niveau acceptable, afin d’éviter les défaillances tissulaires et le décès. Pour ce faire, il existe diverses stratégies invasives (lavage gastrique, lavage péritonéal) et non invasives (refroidissement par évaporation, immersion dans l’eau glacée, refroidissement par glaçons sur le corps entier, refroidissement sélectif des axes vasculaires par des glaçons, refroidissement convectif). L’efficacité de ces méthodes est variable et certaines d’entre-elles peuvent ne pas être applicables à certains patients.

Ce travail plaide pour le recours unique au refroidissement par radiation qui est comparé aux autres techniques non invasives.

Chaud devant : un peu de physique

Les stratégies de changement de modification de la température des objets par transfert d’énergie, reposent sur la conduction, la convection et la radiation. Lorsque l’environnement d’un objet se trouve à une température inférieure à celle de l’objet, cet objet va irradier plus d’énergie dans l’environnement qu’il n’en absorbera, en conséquence de quoi, sa température diminuera. C’est sur ce principe que repose le refroidissement par radiation des patients en hyperthermie. Il suffit d’entourer le patient de dispositifs refroidis à la température voulue pour optimiser la radiation, tels des équipements du commerce recouvrant le lit. Mais le simple fait de recourir à des draps de lits réfrigérés sur le support du lit suffit à refroidir suffisamment l’environnement du patient. Tous ces dispositifs doivent être amovibles pour pouvoir être réfrigérés.

Supports de lits et dispositif amovible recouvrant le lit pour contrôler de la température

L’efficacité du refroidissement par radiation a donc été testée avec diverses température de l’environnement (35°C, 20°C, 15°C, 0°C, et −18°C) pour un poids corporel de 70 kg, une surface corporelle de 1,8 m. Une température de − 18°C (température de l’intérieur d’un congélateur) est aussi efficace que le refroidissement par évaporation et plus efficace que le refroidissement par glaçons général ou localisé ou le refroidissement par convection. Une température de 0°C est moins efficace que le refroidissement par évaporation, équivalente au refroidissement par convection et supérieure au refroidissement par glaçons. Une température de 15°C est modérément efficace et équivaut au refroidissement localisé par glaçons.

Cool Raoul

Simple et peu cher, le refroidissement par radiation permet de faire chuter la température de 0,06 degrés par minute. Il s’avère supérieur ou équivalent aux autres méthodes non invasives de refroidissement : évaporation, glaçage. De plus, il présente plusieurs autres avantages : absence de contre-indications, absence d’hypothermie secondaire dès que le refroidissement est interrompu lorsque la température rectale atteint 37°C, accès complet au patient, simplicité et faible coût.

Dr Bernard-Alex Gaüzère

Référence
O’Connor JP et coll. : Simple and effective method to lower body core temperatures of hyperthermic patients. Am J Emerg Med., 2017 ; 35 : 881–884.

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