La pression expiratoire positive est-elle efficace pour le traitement de la crise d’asthme de l’enfant ?

Les crises d’asthme sont l’une des causes majeures de passage aux urgences et d’hospitalisations. De ce fait, les consultations constituent une opportunité pour tester les mesures susceptibles de contrôler les crises et diminuer les hospitalisations des enfants. Le traitement de première ligne des crises modérées à sévères comprend des inhalations d’un β2 adrénergique de courte durée d’action plus, éventuellement, du bromure d’ipratropium et une corticothérapie brève systémique. Certains enfants ont une réponse médiocre à ce schéma et un traitement de seconde ligne doit être envisagé. Ses modalités, épinéphrine sous-cutanée, terbutaline, aminophylline, sulfate de magnésium varient selon les centres. En cas de détresse respiratoire par exacerbation sévère, une ventilation non invasive en pression positive de façon continue est utilisée. De ce fait, l’administration brève d’une pression expiratoire positive (PEP) a été proposée en traitement de seconde ligne de la crise aigüe dans le but de recruter des alvéoles collabées, de lever les atélectasies et d’améliorer le déséquilibre ventilation/perfusion. Cette méthode n’avait cependant pas été évaluée.

Un essai thérapeutique en simple aveugle a été conduit dans le Colorado aux urgences de centres tertiaires. En 2014-2016, les patients âgés de 2 à 18 ans, souffrant d’une exacerbation d’un asthme modéré à sévère et résistant au traitement de première ligne ont été tirés au sort pour recevoir, soit la PEP administrée par le médecin de façon brève et intermittente, soit le traitement standard sans autre mesure additionnelle. Les résultats ont été jugés par l’évaluation du score de l’asthme, avant et après l’intervention, par un médecin ne connaissant pas le traitement appliqué et, secondairement, par la nécessité d’un traitement additionnel et la durée du séjour aux urgences.

Au total, 52 jeunes patients ont été randomisés pour recevoir la PEP (n=26) ou le traitement standard (n=26). Les deux groupes étaient comparables sur le plan des données démographiques et des caractéristiques de base de l’asthme. Aucune différence significative n’a été constatée entre les scores moyens de l’asthme qui étaient de 0,92±1,2 dans le groupe PEP et de 0,40±1,2 dans le groupe standard (p=0,12). Il n’y avait pas non plus de différence en ce qui concerne la nécessité d’un traitement supplémentaire et la durée du temps aux urgences. Des effets secondaires bénins ont été observés chez 3 patients sous PEP.

En conclusion, l’administration d’une pression expiratoire positive de courte durée, après le traitement initial de la crise d’asthme aux urgences, n’améliore pas les paramètres de sévérité clinique par rapport à un traitement de seconde intention.

Pr Jean-Jacques Baudon

Référence
Navanandan N et coll. : Positive expiratory pressure for the treatment of acute asthma exacerbations: a randomized controlled trial. J Pediatr 2017 ; 185 : 149-154.

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