Tiers payant généralisé : rien ne va plus

Paris, le lundi 17 juillet 2017 – En une semaine, l’a priori favorable des médecins libéraux et de la plupart de leurs représentants vis-à-vis du ministre de la Santé et du gouvernement s’est mu en une incompréhension teintée de colère. Beaucoup espéraient que l’arrivée de la nouvelle équipe sonnerait la fin du tiers payant généralisé, vis-à-vis duquel Emmanuel Macron, pendant sa campagne, a adopté une position ambiguë. Cependant, les déclarations contradictoires se sont multipliées. Après avoir laissé sous entendre que l’obligation du tiers payant était caduque, le ministre a semblé rapidement revenir sur sa position en rappelant son attachement à un dispositif généralisé, rendu nécessaire par l’impératif d’améliorer l’accès aux soins des patients. Les syndicats de médecins libéraux, et notamment la Confédération des syndicats médicaux français (CSMF), le Syndicat des médecins libéraux (SML) et la Fédération des médecins de France (FMF) se sont vite inquiétés de ce revirement et ont exigé du gouvernement une « clarification ». Elle ne s’est pas faite attendre : jeudi, sur BFM-TV, le porte-parole du gouvernement a indiqué que la mise en place du tiers payant opposable pour tous les patients (mais seulement sur la partie Sécurité sociale) le 1er décembre demeurait bien l’objectif du gouvernement. Christophe Castaner a estimé que le ministre de la Santé avait « corrigé » ses hésitations. « C'est notre objectif de le garantir, après c'est un peu compliqué avec les professionnels de santé qui s'en inquiètent, et on peut le comprendre, donc il faut leur garantir que ça se fera sans qu'ils perdent de l'argent et du temps » a encore expliqué Christophe Castaner, qui est allé plus loin que le ministre de la Santé qui avait renvoyé à septembre, au moment de la remise de ses conclusions par l’Inspection générale des affaires sociales (IGAS), la question du calendrier.

Déclaration de guerre

Cette confirmation du porte-parole soulève un vent de colère chez les médecins libéraux, déterminés à rappeler au gouvernement que leur opposition au tiers payant n’était pas seulement liée à des considérations techniques mais concernait le dispositif en lui-même. Les syndicats insistent notamment sur leur refus d’un système qui amoindrit leur indépendance vis-à-vis des caisses d’assurance maladie dont ils sont nombreux déjà à ressentir le poids et la pression. L’Union française pour une médecine libre appelle dès maintenant à se préparer à la grève à partir du 1er décembre si l’entrée en vigueur du tiers payant généralisé était effectivement maintenue. « Alors que la profession alerte sur les dangers du TPG obligatoire depuis des années, le gouvernement Philippe poursuit la méthode Touraine, faite de marche forcée et de mépris pour ceux qui tiennent à bout de bras le système de santé » estime l’UFML qui juge encore que la mise en place de ce dispositif est « une déclaration de guerre à la médecine de France, que l'on veut asservir dans un premier temps à l'assurance maladie, désormais outil de l'Etat ». L’organisation prévient que si le tiers payant était effectivement généralisé, la désaffection des jeunes générations pour l’exercice libéral ne ferait que se renforcer. «

Alors que la profession vieillit, que les jeunes médecins mettent près de dix ans à s'installer et que les maires de nombreuses communes de France vivent le drame de la pénurie médicale, le TPG va entraîner une augmentation des arrêts d'activité, un effondrement de l'exercice libéral et la propagation des déserts médicaux » alerte ainsi l’UFML.

Face à cette fronde, qui pourrait s’amplifier d’un soutien d’autres syndicats, le gouvernement, qui connait des dissensions en son sein sur ce sujet, sera peut-être attentif à éviter que la confiance si précieuse des médecins libéraux ne s’érode aussi rapidement.

Aurélie Haroche

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Vos réactions (11)

  • La prévention va de pair avec le tiers payant généralisé

    Le 17 juillet 2017

    Je suis médecin généraliste à Paris, maitre de stage universitaire, et je pratique le tiers payant que j'enseigne et recommande aux internes. L'accès aux soins doit être facilité pour le plus grand nombre. La prévention et l'éducation doivent être au centre de toute politique de santé moderne. Celle-ci doit être diffusée à tous et d'abord aux plus pauvres qui, on le sait, attendent souvent le tout dernier instant avant de consulter. Défendre la prévention tout en étant contre le tiers payant généralisé est une grande contradiction.
    Joel Valendoff

  • Tiers payant généralisé : que de mépris

    Le 17 juillet 2017

    Les infirmiers libéraux pratiquent pour leur grande majorité le tiers payant complet depuis des années. Personne ne se soucie du temps passé par cette profession et des sommes perdues (environ 1000€/an) cela me désole. Que de corporatisme chez les MG... Que de mépris pour cette profession de la part des différents gouvernements...
    M. Melonio

  • Non pas ce mensonge !

    Le 17 juillet 2017

    Franchement, l'argument de l'accès aux soins pour 25€ c'est un mensonge. Si encore c'était aux USA, où les consultations vont de 150 à 500€, je comprendrais ! Mais, en France, NON pas de ce genre de mensonge !
    P. Penichon

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