
Paris, le mercredi 19 juillet 2017 – Lundi 17 juillet, un homme de 21 ans était arrêté dans le métro de Marseille. Traqué depuis la veille par la police, l’individu est soupçonné d’avoir commis au moins huit agressions sexuelles dans la cité phocéenne. Son interpellation a incité le Syndicat autonome des internes des hôpitaux de Marseille (SAIHM) à briser le silence : l’une des victimes du suspect pourrait en effet être une interne de 28 ans. Les faits remontent au dimanche 9 juillet : un homme pénètre brutalement dans le bâtiment réservé aux étudiants en médecine. Après avoir bousculé une première jeune femme, il attaque violemment une seconde interne. Il la frappe au visage et tente de la violer, avant de s’enfuir. L’interne à l’hôpital de La Timone, âgée de 28 ans, présente de « multiples plaies de la face, fractures des os du crâne et une hémorragie intracrânienne » énumère le SAIHM.
La responsabilité de l’AP-HM engagée ?
Cette violente agression soulève la colère du SAIHM, qui révèle que l’absence de sécurité du bâtiment des internes avait déjà été signalée à plusieurs reprises à la direction. La porte d’entrée qui ne peut être ouverte que grâce à un badge ne fonctionnait en effet plus depuis six mois permettant des allers et venues nombreux. Les étudiants témoignent qu’ils ont déjà été confrontés ces dernières semaines à la présence de sans abris, de toxicomanes ou de familles de patients égarées. Face à l’absence de sécurité, certains internes avaient d’ailleurs décidé de déménager ou de limiter le nombre de nuits passées dans le bâtiment. La nécessité de faire réparer cette porte avait été rappelée par le syndicat régulièrement, mais les difficultés budgétaires et la réitération des réparations avaient été mises en avant pour reporter les travaux. Le dernier mail concernant cette anomalie remontait selon les responsables du SAIHM à la semaine ayant précédé le drame. La surdité des responsables administratifs, qui a probablement facilité la survenue de cette agression, attise l’ire des internes. « Les internes ressentent, dans un climat de peur, une colère froide et l’impression d’avoir été méprisés par la direction hospitalière » tempête le SAIHM. « La responsabilité civile de l’AP-HM pour négligence est engagée » juge encore le président de l’organisation, Julien Breysse interrogé par France Info.
Parfaite réaction après coup
Cependant, l’immobilisme de l’AP-HM n’a pas été total. Immédiatement après l’agression, le « Directeur de la Timone s’est rendu sur place et a apporté son soutien à l’interne blessée », indique un communiqué de l’institution. Un soutien psychologique a été mis en place, le dépôt de plainte a été facilité et un agent de sécurité est désormais présent devant l’internat. La porte a pu être réparée et un système de vidéo-surveillance a été installé. Une nouvelle réunion pour évoquer ces questions de sécurité doit par ailleurs se tenir aujourd’hui « afin de faire le point sur les travaux complémentaires à réaliser » indique la direction. Pour le SAIHM, cette intervention rapide était indispensable : « Si des mesures de sécurité n’avaient pas été rapidement prises, tout le monde serait parti » assure Isabelle Chang responsable de l’internat.
Maladie chronique
Par ailleurs, cette réactivité après coup ne saurait constituer une réponse pérenne à des difficultés chroniques qu’un plan général dédié à la sécurité des hôpitaux de Marseille ne semble pas être parvenu à résorber. Ce plan prévoyait entre autres le « renforcement des dispositifs de sécurité des hôpitaux » : l’exemple du bâtiment des internes de la Timone révèle que cet objectif n’a pas été parfaitement rempli.
Aurélie Haroche