Déserts médicaux : quand le médecin ne peut pas prendre sa retraite !

Saulnot, Haute-Saône, le lundi 14 août 2017 - Le problème des déserts médicaux semble de plus en plus aigu et impacte désormais les médecins arrivés en fin de carrière qui, se refusant à abandonner leur patientèle à leur sort, ne peuvent pas prendre leur retraite.

Le cas, médiatisé, d’un praticien de 67 ans est venu illustrer cette situation ubuesque.

Quand même un cabinet et un logement gratuits n’attirent pas les jeunes praticiens !

Le Dr Patrick Laine, qui exerce à Saulnot en Haute-Saône depuis 35 ans a fait preuve de plus que de la bonne volonté pour se trouver un successeur. Il a ainsi diffusé des annonces auprès de l’Ordre des médecins, de municipalités, d’ARS, de cabinets spécialisés dans le recrutement…il est même allé jusqu’à « poster » sur le site leboncoin. Il offrait alors de céder gratuitement ses locaux, son matériel, sa patientèle…et proposait même d’héberger les heureux élus dans les premiers temps de leur installation ! 

Du « buzz » et puis rien !

L’annonce avait fait grand bruit dans la presse, mais un an et demi plus tard, toujours rien… « J'ai été dépassé par le buzz, rien d'autre, J'ai eu deux appels de médecins étrangers, mais il leur fallait trois ans pour obtenir une équivalence. Sinon, il y a eu zéro candidat ! » déplore-t-il.

Les propositions d’un médecin de campagne

Interrogé ces derniers jours par divers organes de presse, le Dr Laine incite les jeunes diplômés à venir tenter l’expérience, mais il déplore « on leur a transmis l’idée que la médecine générale était un parent pauvre. Pour les attirer, il faut élargir les possibilités des médecins de campagne aux frottis, aux infiltrations légères… Qu’ils ne soient pas dans une routine saisonnière » fait-il valoir dans le quotidien Le Parisien.

Il remet en cause également, à son tour, la formation des médecins : « on sélectionne des bons en maths et en physique qui, bien souvent, s’orientent vers (…) des spécialités considérées plus "prestigieuses". Des métiers où l’on met des barrières entre le patient et soi : un "plateau technique", une radio, un scanner… On se laisse moins solliciter et on s’implique moins, même émotionnellement » a-t-il ainsi expliqué au micro de France Culture.

Face à sa situation il se dit même désormais favorable aux contraintes à installation : « pourquoi ne pas tester l’obligation pendant un an ? Après avoir vécu l’expérience, il y a bien un jeune qui aura envie de rester », estime-t-il enfin.

En attendant ces (très) hypothétiques réformes, le Dr Laine tentera une dernière fois sa chance à la rentrée en suivant une formation qui lui permettra d’accueillir des internes en médecine générale dans son cabinet dans l’espoir d’enfin susciter des vocations.

Frédéric Haroche

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Vos réactions (12)

  • Laissons faire

    Le 14 août 2017

    Puisque personne ne semble comprendre, laissons les déserts médicaux s'installer...Après il sera trop tard pour que ces mêmes personnes fassent autre chose que pleurer !

    Dr Françoise Sanquer

  • Pauvre médecine

    Le 14 août 2017

    Réunion de famille il y a quelques semaines: médecin fraîchement retraitée, je suis placée pendant le repas aux côtés d'un jeune cousin charmant de 17 ans. Bien sûr, la conversation vient à porter sur l'avenir de ce jeune homme: il réussit particulièrement bien, fréquente une école privée lyonnaise renommée, ses résultats sont excellents et surtout, il est doté d'un sens du contact et d'une empathie rare pour son âge. La maman explique que son premier désir serait de se diriger vers des études de médecine. Il a d'ailleurs déjà effectué un stage en clinique dans le service d'une amie de ses parents et a beaucoup aimé. Où est le problème alors? On m'explique que les bons pères lui déconseillent cette orientation, et que "vu la qualité de ses résultats et son potentiel", ils lui suggèrent très fortement de faire une classe préparatoire pour intégrer une de ces écoles d'ingénieurs généralistes prestigieuses "qui font l'orgueil de la France", à la rigueur une école de commerce mais qu'il serait dommage de se fourvoyer dans des études médicales...

    J'ai essayé d'expliquer que l'on ne fait bien que ce que l'on aime bien, que le prestige ne suffit pas à nourrir l'esprit, mais je ne sais pas si mes arguments auront suffit pour des parents anxieux...

    Il y a quelques mois La tribune de Lyon évoquait cette école privée réputée et l'on pouvait comprendre pourquoi, à la lecture de l'article, les bons pères sont peu enthousiastes à l'idée d'avoir des anciens élèves médecins...
    Pauvre médecine et pauvres médecins.
    http://www.tribunedelyon.fr/?actualite/societe/46051-le-vrai-pouvoir-des-maristes-a-lyon

    Dr Annie Grasset

  • Les propositions d'un médecin de campagne

    Le 14 août 2017

    Depuis quand il faut une autorisation à un médecin de campagne pour faire des frottis ou des infiltrations ?

    Dr Philippe Garat

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