
Les femmes enceintes et les nouveau-nés ont un risque accru de morbidité et mortalité en cas de grippe. De ce fait, la grossesse constitue un moment privilégié de prévention et le comité ad hoc américain recommande depuis 2004, pendant la période épidémique, la vaccination sous la forme inactivée (VII), y compris pendant le 1er trimestre de la grossesse. Cette recommandation a été peu suivie bien que les premières études n’aient pas montré d’augmentation du taux des malformations.
Des équipes universitaires américaines, jointes à des assureurs ont utilisé les données de sept « Vaccine Safety Datalink ». Le but était de constituer une grande cohorte de femmes enceintes avec une couverture sociale ayant donné naissance à un seul enfant afin d’évaluer les risques de malformations majeures chez les nouveau-nés dont les mères avaient reçu le VII pendant le 1er trimestre de la grossesse. Les nourrissons ont été suivis jusqu’à un an. Les paires mères/enfants qui avaient eu une exposition à d’autres facteurs potentiellement tératogènes, drogues, infections, ont été exclues de l‘étude. Les malformations cardiaques, orofaciales, respiratoires, neurologiques, ophtalmologiques, ORL, gastro-intestinales, génito-urinaires, musculaires ou des extrémités ont été identifiées à partir des codes diagnostiques des observations médicales.
Pas d’augmentation du risque de malformations
Au total, 52 856 nourrissons dont les mères avaient reçu le VII pendant le 1er trimestre ont été comparés à 373 088 nourrissons non exposés. La prévalence, pour 100 naissances vivantes des malformations structurales majeures a été de 1,6 parmi les enfants exposés contre 1,5 parmi les non exposés. Le rapport ajusté de prévalences est de 1,02 (intervalle de confiance à 95 % [IC] 0,94-1,10). Les malformations cardiaques sont les plus fréquentes : 58/10 000 naissances chez les nourrissons exposés contre 56/10 000 chez les non exposés (rapport de prévalences 1,0 ; IC 0,89-1,10). Aucun risque supplémentaire concernant les autres malformations n’a été constaté.
Ainsi, l’exposition au vaccin antigrippe vivant atténué pendant le 1er trimestre de la grossesse n’est pas associée à une augmentation du risque de malformations au sein de cette grande cohorte.
Les conflits d’intérêt sont maintenant obligatoirement déclarés et ce travail a été subventionné par les firmes fabricant des vaccins. Faut-il pour autant lui dénier toute valeur et accuser les universitaires de fraude? Les anti-vaccins ont-ils la possibilité et la compétence pour faire de telles études ?
Pr Jean-Jacques Baudon