
En 2009, aux Etats-Unis, la FDA autorisait la mise sur le marché d’un vaccin anti-grippe trivalent à forte dose. Celui-ci contient 4 fois plus d’antigènes que le vaccin standard (60 μg par virus vs 15 μg) et pourrait constituer une riposte à la baisse de la réponse immunitaire qui survient au fil du temps après l’âge de 65 ans.
Le Lancet publie les résultats d’une étude destinée à évaluer
l’efficacité de ce vaccin chez des personnes âgées fragiles vivant
dans des structures d’accueil médicalisées. Il s’agit d’un essai
pragmatique en simple aveugle, comparant
les taux d’hospitalisation pour infection respiratoire ou
pathologie grippale des résidents dans les structures où ils
avaient été vaccinés avec le vaccin à haute dose, et celui de
structures où la vaccination avait été réalisée avec le vaccin
standard. Les patients devaient être âgés de plus de 65 ans. Dans
les deux groupes de comparaison, le taux de personnel vacciné était
le même. L’étude a été menée durant la saison grippale 2013-14. Au
total 823 structures ont été mobilisées, 409 dans lesquelles était
dispensé le vaccin à forte dose, 414 avec le vaccin standard.
Intérêt même en cas de souche de moindre virulence
Le vaccin à haute dose semble répondre à l’objectif principal fixé dans cette étude, puisque l’incidence des infections respiratoires justifiant une hospitalisation est inférieure dans les structures ayant dispensé le vaccin à forte dose (3,4 % sur 6 mois vs 3,9 % ; Risque Relatif ajusté 0,873 ; intervalle de confiance à 95 % IC 0,776 à 0,982). L’incidence des hospitalisations toutes causes confondues est elle aussi inférieure, d’environ 8 %, dans les structures dont les résidents avaient bénéficié du vaccin à haute dose. Notons toutefois qu’aucune différence significative n’est relevé pour l’objectif secondaire de décès toutes causes dans les 6 mois, ni dans le nombre de résidents chez qui s’installe un déclin fonctionnel d’au moins 4 points.
Les auteurs remarquent que durant la saison grippale 2013-14, la souche A(H1N1)pdm09 était dominante et présente dans le vaccin. Cette souche est généralement associée à une virulence inférieure à celle des souches A/H3N2. Ils estiment que la différence significative constatée dans ce contexte de souche moins virulente et moins transmissible souligne à la fois la gravité potentielle de ces souches chez les personnes âgées fragiles et l’intérêt de la vaccination à haute dose, même dans ce contexte de souche moins virulente.
Dr Roseline Péluchon