HTA : le manque d’observance, un problème fréquent et dangereux

Le thème de l’observance thérapeutique des antihypertenseurs a été abordé notamment au cours de ces deux communications orales.

Plus de 70 % des patients résistants n’adhèrent pas ou peu au traitement

L’origine de la résistance au traitement pourrait bien souvent être le manque d’observance. C. Georges et coll. ont en effet évalué l’observance chez 35 patients consécutifs (âge moyen : 51 ans ; femmes : 54 %)  qui avaient une hypertension artérielle (HTA) (pression artérielle [PA] moyenne en cabinet : 180/105 mmHg ; PA ambulatoire sur 24 heures : 160/100 mmHg) résistante à un traitement comportant l’association de 4 antihypertenseurs. L’adhérence au traitement a été évaluée par l’échelle Morisky Medication Adherence Scale (MMAS-8) et le dosage urinaire des médicaments par  Chromatographie Liquide – Spectrométrie de Masse. De plus, le profil psychologique des patients a été évalué par différents questionnaires appropriés.

Selon l’échelle MMAS-8 d’adhérence au traitement, le pourcentage de patients adhérents, partiellement adhérents ou totalement était respectivement de 12 %, 27 % et 61 %.  Les patients peu adhérents au traitement étaient plus souvent de sexe féminin et vivaient seuls, sans compagnon ou compagne ; ils étaient caractérisés par une plus grande tendance à la somatisation (p = 0,004), des antécédents plus fréquents d’événements traumatiques (p = 0,011), un plus bas niveau d’instruction, un plus grand nombre de médicaments antihypertenseurs.

En conclusion, chez les patients présentant une HTA apparemment résistante, il est intéressant de vérifier l’adhérence au traitement par le dosage des médicaments prescrits et d’évaluer également leur profil  psychologique.

Plus de chutes pour les sujets âgés

Une mauvaise observance est associée à un plus grand risque de chutes des sujets âgés. Telle est la conclusion de l’étude menée en Irlande par P. Dillon et coll. auprès de 1 592 sujets âgés. L’absence d’adhésion au traitement antihypertenseur a été définie, avec l’aide de 106 pharmacies, par le nombre de période de 5 jours pendant lesquelles le patient n’avait pas pris ses médicaments. Lors d’un suivi d’un an obtenu chez 1 084 patients, il s’est trouvé, après ajustement (pour les facteurs démographiques, les comorbidités et les antécédents pharmacologiques), qu’une mauvaise adhérence au traitement antihypertenseur était associée : à un risque accru de chutes (Risque Relatif [RR] ajusté = 1,11 ; intervalle de confiance à 95 % [IC95] de 1,03 à 1,19 ; p = 0,005), à un risque accru de chutes associées à des blessures (RR ajusté = 1,19 ; intervalle de confiance à 95 % [IC95] de 1,06 à 1,33 ; p = 0,003) et à un plus grand nombre de chutes (RR ajusté = 1,15 ; IC 95 de 1,04 à1,27 ; p = 0,006).

En conclusion, chez les personnes âgées traitées pour HTA, des périodes d’inobservance du traitement antihypertenseur pourraient bien être à l’origine de chutes, constatation qui invite à porter une attention toute particulière à la bonne adhésion de cette population au traitement de l’hypertension.

Dr Robert Haïat

Références
Georges C et coll. : Assessment of drug adherence and psychological profile in patients with apparently treatment-resistant hypertension.
Dillon P et coll. : Poor medication adherence in the relationship between antihypertensive medication and falls: a prospective cohort study of older adults.
27 ème European meeting on hypertension (Milan) : 16 -19 juin 2017.

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