
M.P.
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Avec la même logique qui a poussé à créer les quotas dans les écoles paramédicales et le numérus clausus dans les universités : "Diminuer le nombre de professionnels pour diminuer la demande en soins..." on retrouve la même logique absurde : "Diminuer la possibilité de soigner pour diminuer les besoins en soins"... Pourtant entre les deux, de l'eau a coulé sous les ponts...
Quand est-ce que l'on en sortira ? A quand le retour du bon sens ? La tyrannie budgétaire va-t-elle cesser un jour pour laisser la place à une vraie gestion de la promotion de la santé et de la Prévention (primaire mais aussi secondaire et tertiaire) ?
Pourtant Lao Tseu (avant Jésus Christ !) le disait déjà "La peur de la misère, c'est déjà la misère"... ils ne doivent pas connaître cette sentence.
Charlaine Durand
Pour appuyer ce mouvement je souhaite apporter un témoignage du côté "patient" des conséquences de cette logique financière sans conscience du coût à long terme.
Un de mes parents 84 ans chute de 3 mètres. Poly fracturé il est admis au centre hospitalier de Perpignan. Après le bloc, il passe 15 jours en soins intensifs. Sa prise en charge médical est honorable. Puis il est transféré dans un centre de proximité de son domicile en soins de suite. Au bout de 15 jours le dossier n'est toujours pas transmis... c'est moi qui donne les éléments que j'ai pu obtenir par téléphone (je réside à 1000km). Comme le dossier n'est pas transmis, il y aura plusieurs erreurs de suivi, malgré la bonne volonté du médecin qui semble avoir baissé les bras devant l'incohérence entre ce petit service et les "grands centres de la ville" exemple : le médecin du SSSR me dit qu'il lui est impossible de demander une consultation neuro ; c'est la famille qui doit le faire et de toute façon il n'y aura pas de place avant 6 mois à Perpignan... Autre exemple, le malade à rendez-vous pour un scanner post op (RV pris par le CHU de Perpignan lors de son transfert au SSSR) après 1h de trajet en ambulance : « le scanner n'est pas possible il faut attendre 6 semaines et là ça ne fait que 5 semaine et 2 jours que vous avez été opéré »... Coût financier pour la société et émotionnel pour le patient élevé et qui aurait pu être évité.
Après un mois, il est transféré dans un centre de rééducation spécialisé où sa prise en charge rééducative sera "oublié" sous divers prétextes de personnel, planning, pas d'info (alors qu'il donne son dossier en main propre au médecin qui fait son admission). Après moult démarches de la famille il est enfin pris en charge au bout de 8jours, mais il n'a aucun soin en piscine (alors qu'il y est transféré pour pouvoir bénéficier de soins en piscine) là encore c'est la famille qui à force d'alerte finira au bout de 8 jours supplémentaires par inciter le médecin à lire tout le dossier... et là… les soignant réajustent, mais le patient n’ayant plus confiance ne sera plus très coopératif… On voit bien que les équipes n'ont le temps de parer qu'au plus pressé et le manque de temps et/ou de motivation (cf Burnout des équipes hospitalières) aboutit à des hospitalisations plus longues donc plus onéreuses et bien entendu plus délétères pour le patient qui y perd son espoir de guérison.
Pour finir il sera transféré encore 2 fois.
L’hôpital ayant 1 an d'attente pour cette opération de l'épaule, il est admis en aout dans une clinique où par manque de personnel donc de soins réguliers, mais aussi manque de matériel de prévention, il développera le jour de l’intervention 1 escarre comme nous en connaissions il y a 20 ans... et qui ne devrait plus exister si les moyens en personnel et matériel et formation étaient au RV. Comme il n'y a aucune place en SSSR il restera 15 jours dans cette clinique sans possibilités de soins efficaces sur ses escarres et sur la rééducation de sa jambe poly fracturée et opérée depuis 4 mois.
Pour finir il est transféré dans un second centre de rééducation où le médecin ne veut pas prendre en compte la rééducation de la jambe, car il n'a qu'une ordonnance de rééducation pour l'épaule... Ouaaaaaaa si même un médecin de centre de rééducation...n'a plus la possibilité d'établir une ordonnance pour que les kinés prennent en charge le patient là où il en a besoin, alors il faut revoir ce diplôme... Bref, la famille s’épuise à devoir en plus de soutenir le patient se démener pour relier les différents soignants (généraliste, médecin spécialiste, infirmière cadre et personnel hospitalier)
Ce parcours du combattant, n'est malheureusement que la triste réalité des patients en bout de chaine, conséquence des conditions de travail de tout le personnel hospitalier de l'ASH au médecin le plus spécialisé. En clair en France il ne fait pas bon être malade et encore moins être sans famille et malade.
Valérie Supper (SF)
Tout ce qui est décrit dans ce témoignage me semble être plutôt le reflet de professionnels qui en fait n'en sont pas ou qui ont oubliés le minimum de l'éthique.
L'exemple le plus flagrant étant le medecin qui refuse de faire une ordonnance de rééducation du membre inférieur puisqu'il est seulement chargé de s'occuper de l'épaule. J'ai exercé en SSR et je peux affirmer qu'on a le temps et aussi le devoir de prendre en charge toutes les pathologies annexes dans le domaine de ses compétences. Ce qui relève du dysfonctionnement lie à la surcharge de travail par contre et qui me semble vrai ce sont les multiples transferts dans des établissements plus ou moins adaptés et les délais trop longs pour obtenir un rendez vous spécialisé ou pour la réalisation d'un examen complémentaire technique.
Dr Bounioux