Exposition aux particules fines et hormones de stress

L’exposition aux particules fines résulte des activités humaines polluantes, qu’il s’agisse du chauffage au bois, de l’utilisation des combustibles fossiles dans les centrales thermiques, des rejets atmosphériques liés à divers procédés industriels ou encore de la circulation automobile, à titre d’exemples. Ces particules, qui restent en suspension dans l’air, constituent un risque sanitaire qui est à l’origine de politiques préventives actives dans les pays européens, à la différence d’autres pays plus polluants, qu’il s’agisse des Etats-Unis, de l’Inde ou de la Chine, là aussi à titre d’exemples. Dans ce dernier pays, la pollution atmosphérique atteint des sommets, notamment dans des mégalopoles comme Pékin ou Shanghai. Ses effets respiratoires et cardiovasculaires délétères ont été abondamment mis en évidence et soulignés par des études transversales de grande envergure, plus particulièrement en Europe, aux Etats-Unis, mais aussi en Chine. Le problème a été rarement abordé sous l’angle des essais croisés où le sujet est son propre témoin, ce qui supprime la variabilité interindividuelle, source de biais et d’erreurs d’analyse dans les essais contrôlés sur groupes parallèles.

Les résultats d’un essai croisé en Chine

Un essai croisé, mené à double insu dans la ville de Shanghai (Chine) s’inscrit dans cette approche intéressante à plus d’un titre. Ont été inclus 55 étudiants en bonne santé apparente qui ont été soumis à un protocole en deux phases comme dans toute étude de ce type. L’action se déroule au dortoir où des purificateurs d’air réels et simulés ont été installés : les premiers pendant une période de 9 jours, les seconds pendant le même temps, avec un intervalle libre de 12 jours entre les deux phases, à titre de période de wash-out. Divers métabolites sériques ont été dosés par spectrométrie de masse en chromatographie à haute performance en phase gazeuse et liquide. Les données recueillies au cours des deux phases de l’étude ont été comparées et traitées par une analyse factorielle discriminante orthogonale partielle et des modèles à effets mixtes. Les paramètres cliniques et biologiques suivants ont été pris en compte : pression artérielle (PA), hormone corticotrope (ACTH), corticotropin-releasing factor (CRF), test d’insulinorésistance, biomarqueurs du stress oxydatif et de l'inflammation.

Pendant la phase de purification avérée, l’exposition individuelle moyenne aux particules fines de diamètre aérodynamique ≤2,5 μm a été estimée à 24,3 μg/m3 versus 53,1 μg/m3 lors de la purification simulée. L'analyse métabolomique a révélé que l’exposition plus élevée aux particules fines était associée à une augmentation significative des taux sériques de cortisol, de cortisone, d’adrénaline, de noradrénaline, d’ACTH et de CRF. La même tendance a été observée pour la PA, la glycémie, les taux de lipides et d’acides gras, l’insulinorésistance, et aussi pour les biomarqueurs du stress oxydatif et de l’inflammation.

Cet essai croisé aboutit à des résultats inédits et intéressants qui demandent à être confirmés, cela va de soi. Il semble qu’une exposition durable aux particules fines, en l’occurrence 9 jours de l’étude, s’accompagne d’une activation significative de l’axe hypophyso-hypothalamo-hypophysaire au travers de la sécrétion accrue de CRF, d’ACTH et des hormones dites de stress. La purification de l’air atténuerait ces effets biologiques indésirables qui s’ajoutent aux effets sur les marqueurs du stress oxydatif et de l’inflammation, entre autres. L’hypothèse d’artéfacts statistiques ou autres doit être évoquée de principe devant ces résultats surprenants qui doivent être impérativement répliqués avant d’être intégrés parmi les faits établis.

Dr Philippe Tellier

Référence
Li H et coll. Particulate Matter Exposure and Stress Hormone Levels: A Randomized, Double-Blind, Crossover Trial of Air Purification. Circulation 2017 ; 136 : 618-627.

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Vos réactions (1)

  • Conclusion:

    Le 20 septembre 2017

    On s'apercevra que ces micros, pire avec les nanos, particules sont responsables de maladies chroniques touchant tous les organes, le pire avec le cerveau... et tous les vaccins humains en contiennent ! Dormez braves gens, tout va pour le mieux !

    Serge Rader

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