
Il est démontré que le diagnostic précoce du mélanome améliore la survie. A cet égard le rôle des médecins de première ligne (généralistes et dermatologistes libéraux) est régulièrement souligné. Mais les médecins hospitaliers non spécialisés en dermatologie devraient également être sensibilisés au dépistage précoce comme le montre une étude un peu dérangeante présentée par une équipe de Cork (R-U).
C Quinlan et coll. ont revu les dossiers de tous les patients chez qui un mélanome de plus d'un millimètre d'épaisseur avait été diagnostiqué dans 5 hôpitaux de la région en 2013 et 2014. Les dossiers hospitaliers des 5 années précédentes de ces malades atteints d'une tumeur à haut risque de métastases ont alors été analysés en retenant les hospitalisations, mais aussi les consultations externes et les passages aux urgences.
Cent six patients dont la tumeur avait un indice de Breslow médian de 2,3 mm ont été inclus dans l'étude. Dans 30 % des cas, le mélanome était apparent même sans examen cutané complet puisque localisé sur la tête ou le cou. Surtout ce travail rétrospectif a montré que dans 67 % des observations ces patients avaient eu un contact hospitalier dans les 5 ans (et dans 42,5 % des cas dans l'année précédant le diagnostic).
Il s'agissait de consultations externes dans les deux tiers des observations et d'hospitalisations dans un tiers des cas. Les 3 spécialités les plus concernées par cette absence de dépistage étaient l'ophtalmologie (ce qui est sans nul doute lié au fait que les malades se déshabillent rarement complètement devant un ophtalmologiste) mais aussi l'orthopédie et la médecine d'urgence. Des opportunités de diagnostic précoce (et peut-être salvateur) ont donc été manquées pour deux malades sur trois en milieu hospitalier...
Les praticiens hospitaliers non dermatologistes devraient donc tous être sensibilisés au dépistage du mélanome et formés dans ce sens.
Dr Gilles Haroche