Sécurité sociale : pour parvenir à l’équilibre, le gouvernement serre la ceinture des professions de santé

Paris, le vendredi 29 septembre 2017 - Agnès Buzyn, ministre des Solidarités et de la Santé et Gérald Darmanin, ministre de l’Action et des Comptes publics ont présenté en conférence de presse le projet de loi de financement de la Sécurité sociale (PLFSS) pour 2018. 

Le gouvernement, qui s’est félicité d’un déficit de la sécurité sociale moins élevé que prévu il y a encore 3 mois (4,4 milliards contre 5,5 milliards annoncés en juillet) a reporté à 2020 le retour à l'équilibre des comptes et entend réduire le déficit de 3 milliards en 2018.  Bien que la réduction du déficit soit soutenue par la bonne tenue de la masse salariale qui augmente les recettes de cotisations, le gouvernement a programmé l'an prochain des économies massives, malheureusement et sans surprise principalement dans le secteur de la santé (4,2 milliards d'euros d'économies prévues en 2018).

L’ONDAM, encore et toujours…

Le gouvernement prévoit  ainsi en premier lieu pour contenir la hausse naturelle des dépenses de santé (normalement entre 4 et 5 % par an) de fixer l’ONDAM (Objectif national des dépenses d’assurance maladie) à 2,3% pour les trois prochaines années (contre 2,1 % actuellement). L’ONDAM est ainsi fixé à 2,4 % pour les soins de ville et 2 % pour les établissements de santé (en réalité 2,2 % si l’on tient compte de la hausse de 2 euros du forfait journalier hospitalier).

Ces économies devraient être permises par le développement de l'ambulatoire, des efforts sur les transports sanitaires, la lutte contre les « fraudes et abus » et par la promotion des médicaments génériques et biosimilaires.  Des économies sont également attendues sur « énormément de petits chantiers », de la structuration de l'offre de soins, à l'optimisation des achats à l'hôpital, du développement de la télémédecine…à des baisses tarifaires concernant la biologie, l’imagerie et d'« autres actes médicaux en ville et à l'hôpital ». 

Des efforts seront également demandés aux administrations de la Sécurité sociale qui devront diminuer de 15% leurs frais de fonctionnement sur quatre ans.

Encore un coup pour le secteur 2 !

Si la suppression de certaines cotisations permettra aux salariés de compenser l’augmentation de la CSG de 1,7 %, les réductions prévues pour les indépendants pourraient ne pas être suffisantes. Agnès Buzyn a donc confirmé que l’Assurance maladie prendra en charge « une fraction des cotisations au régime vieillesse de base » afin de garantir une « compensation stricte de l’augmentation de la CSG » pour les libéraux de santé concernés (médecins de secteur 1 et professionnels de santé qui exercent en zone à faible densité : chirurgiens-dentistes, sages-femmes, infirmiers et masseurs-kinésithérapeutes).

A cet égard, le Syndicat des médecins libéraux (SML) souligne que « contrairement aux engagements de la ministre, la mesure sera limitée aux seuls médecins de secteur 1, oubliant au passage les secteur 2 ayant souscrit des contrats OPTAM. Le SML estime qu’il serait totalement inique d’en exclure les médecins conventionnés en secteur 2 et plus encore ceux en OPTAM. Ce revirement crée un doute sur la parole publique ».

Pour le zéro reste à charge, on repassera !

Cette présentation n’a pas véritablement amené d’éléments nouveaux par rapport aux informations qui avaient déjà filtré sur la suppression du RSI et la présentation du PLFSS. Ont notamment manqué de nouvelles pistes concernant la promesse d’Emmanuel Macron d’un reste à charge zéro en optique, audioprothèse et dentaire. « Sur le reste à charge zéro, nous ferons connaître avant la fin de l’année le cadre de travail et de concertation », a ainsi simplement indiqué le ministre de la Santé…

Frédéric Haroche

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Vos réactions (5)

  • ¨Pétition

    Le 30 septembre 2017

    Pourquoi se gener, avec des gens qui ne se bougent jamais de maniere organisee?Si vous voulezlancer une action qui emm...bien les pouvoirs publics,soutenez le projet Martin Hirsch et D. Mon objectif est d'atteindre 100 signatures et j'ai besoin de plus de soutien. Vous pouvez en savoir plus et signer la pétition ici :

    http://chn.ge/2yEFXh6 pour etendre la SECU Alsacienne à toute la France.

  • Tout mélanger comme d'habitude

    Le 30 septembre 2017

    Il est regrettable que l'on s'obstine à tout mélanger.
    Quand j'étais à l'école primaire on me disait simplement; tu n'as pas le droit de mélanger des chèvres et des choux. Visiblement je n'ai pas fréquenté la même école que Madame Buzyn. Rien d'étonnant : à l'école de la politique, on apprend à manipuler et à mentir. Il parait que c'est nécessaire au bien du pays.
    Rien n'est moins vrai :
    - considérer que "les dépenses de santé doivent moins augmenter" quand la population vieillit et que le nombre de bénéficiaires et surtout de bénéficiaires non cotisants augmente, c'est énoncer en termes politiques "mission impossible mais on va y croire quand même".
    - considérer que le pompier est le responsable de l'incendie (ce sont les médecins qui gagnent trop, les prescripteurs qui prescrivent trop, etc...) c'est parler comme une fable de la Fontaine. La solution proposée? "Qui veut noyer son chien..."
    - partir du postulat qu'on peut rembourser tout à tout le monde et que même des médicaments extrêmement coûteux - et souvent n'ayant pas fait leurs preuves - doivent être remboursés, c'est choisir un peu vite le parti des grands laboratoires pharmaceutiques.
    Après tout l'état et sa ministre, comme le médecin de Molière, finira par tuer le malade avec la conscience du devoir accompli.

    Dr Jean-François Michel

  • Raisonnements de comptables

    Le 01 octobre 2017

    Vous titrez ce premier Octobre 2017 : "Sécurité sociale : pour parvenir à l’équilibre, le gouvernement serre la ceinture des professions de santé." En effet, comment exprimer autrement le déficit intellectuel des fonctionnaires chargés de la santé ?

    Nous sommes là, une fois de plus, devant un raisonnement de comptables de la fonction publique qui ignorent totalement les bonnes pratiques de la médecine et la sobriété des démarches. Voilà une mauvaise nouvelle de plus, après bien d'autres, qui va aggraver la situation encore plus vite.

    Certains, dont je suis, pensent que pour parvenir à l’équilibre, le gouvernement devrait rendre ses libertés perdues au corps médical. Ceci permettrait d'obtenir un diagnostic et un traitement, c'est possible, dès le premier jour du premier symptôme, sinon le lendemain.

    Comment font donc nos voisins qui, avec des cotisations moindres, n'ont pas de déficits depuis plus d'un siècle. Ils respectent les libertés d'exercer traditionnelles de la médecine. Voilà tout.

    En effet, plus on tarde dans un parcours de diagnostic et plus le traitement retardé va s'avérer onéreux.

    Des instituts comptables se sont penchés sur ces différences (TURGOT, IFRAP). Cependant ils ont travaillé uniquement avec des données chiffrées en oubliant de fréquenter les cabinets médicaux de nos voisins pour comprendre le mécanisme purement médical qui permet à notre voisin de s'en sortir si bien alors que nous allons si mal !

    Il s’agit de se demander comment ils s’en sortent avec moins de cotisations que nous (-15 %), comment ils sont en bénéfice constant par rapport à notre énorme déficit cumulé.

    Comment est-ce possible de garder des bénéfices et d'avoir deux fois plus de médecins, travaillant deux fois moins tout en étant payés deux fois mieux ?

    Comment peuvent-ils payer (et non rembourser le mot est à bannir) tous les actes quel que soit leurs montants (le mot dépassement n'existe pas chez eux), de payer à leurs cotisants tous les médicaments (le service médical rendu n'existe pas ni les variations des prises en charge) ?

    On aura beau faire des économies de bouts de chandelle, la situation va s'aggraver.

    Dr Jean Doremieux

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