Pneumopathie du sujet âgé : le rapport neutrophiles/lymphocytes évalue bien le pronostic

La pneumopathie communautaire (PC) expose à une morbi-mortalité élevée chez le sujet âgé. De nombreuses variables pronostiques plus ou moins performantes permettent de prédire, dans une certaine mesure, l’évolution clinique. Le rapport neutrophiles/lymphocytes (RNL) est un biomarqueur de l’inflammation systémique, utilisé à des fins pronostiques dans diverses maladies infectieuses ou affections malignes, entre autres, avec des résultats encourageants, quoique non validés sur une échelle décisive. Qu’apporte le RNL dans le contexte de la PC ?

C’est à cette question que répond une étude de cohorte prospective réalisée à Catane (Italie) entre janvier 2014 et juillet 2016, dans laquelle ont été inclus 196 sujets âgés (âge > 65 ans) atteints d’une PC. Cette dernière était diagnostiquée sur les arguments suivants : (1) au moins un de ces signes cliniques ou biologiques : dyspnée, hypo- ou hyperthermie, toux, expectoration, tachypnée (fréquence respiratoire > 20 /mn), anomalies à l’auscultation thoracique, hypoxémie (PaO2 < 60 mm Hg), hyperleucocytose (> 10 000/μL) ; (2) présence d’infiltrats significatifs sur le cliché thoracique standard ou la tomodensitométrie thoracique.

Lors de l’admission, l’examen clinique a été complété par divers tests et évaluations : PSI (Pneumonia Severity Index), recherche d’un syndrome confusionnel, urée sanguine, C-reactive protein (CRP), fréquence respiratoire, pression artérielle, âge, score CURB-65 (Confusion, Urea, Respiratory rate, Blood pressure et âge ≥ 65 ans) et in fine RNL. La valeur prédictive de ces divers scores ou variables a été établie par rapport à la mortalité au 30ème jour.

Mortalité au 30ème jour de 100 % pour un RNL de 28,3 % et plus

Le RNL a fait preuve d’une valeur prédictive significative sur ce point (p<0,001). Cette variable a fait mieux sur le plan pronostique que les autres : PSI (p < 0,05), CURB-65 (p < 0,001), CRP (p < 0,001) et leucocytose (p < 0,001). Aucun décès n’est survenu chez les participants dont le RNL était < 11,12 %. La mortalité au 30ème jour a été de 30 % en cas de RNL compris entre 11,12 et 13,4 %, mais elle a atteint 50 % pour les valeurs comprises entre 13,4 et 28,3 %. Au-delà de 28,3 %, la mortalité au 30ème jour a été de 100 %.

Cette étude de cohorte prospective souligne la valeur pronostique à court terme du RNL dans la PC du sujet âgé. Ce biomarqueur de l’inflammation systémique qui a fait ses preuves dans diverses affections notamment infectieuses et néoplasiques semble gagner du terrain. En pratique, dans la PC du sujet âgé, le RNL pourrait être utilisé pour juger de la gravité de l’état clinique et influer sur les modalités de l’hospitalisation. Ainsi, un RNL < 11,12 % inciterait à une sortie précoce, alors que les valeurs comprises entre 11,12 et 13,4 % feraient pencher pour une hospitalisation brève. Entre 13,4 et 28,3 %, le séjour hospitalier aurait tout lieu d’être prolongé et au-delà de 28,3 %, l’admission dans une unité de soins intensifs serait plus que souhaitable.

Dr Philippe Tellier

Référence
Cataudella E et coll. : Neutrophil-To-Lymphocyte Ratio: An Emerging Marker Predicting Prognosis in Elderly Adults with Community-Acquired Pneumonia. J Am Geriatr Soc. 2017; 65: 1796-1801.

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