Les internes réclament une valorisation de leurs heures supplémentaires

Paris, le vendredi 20 octobre 2017 - Dans un communiqué en date du 16 octobre, l’Intersyndicat national des internes (ISNI) plaide pour une plus grande reconnaissance de leur temps de travail, notamment par le biais d’un accès au Temps de travail additionnel (TTA) dévoilé par Marisol Touraine, alors ministre de la Santé, en novembre 2016. L’ISNI rappelle que les internes, « à la fois étudiants et agents publics (…) ne comptent pas leurs heures passées auprès des patients » et ce malgré la réglementation européenne de 2011 qui borne leur temps de travail à 48 heures par semaine. Pour autant, « celle-ci n’est toujours pas respectée dans tous les établissements », comme l’a montré la très récente enquête nationale sur la santé mentale des étudiants en médecine qui a sondé plus de 7 600 internes.

Réalisé au premier trimestre 2017, ce sondage en ligne a notamment montré que seulement un quart des internes déclarait travailler au maximum 48 heures par semaine. La grande majorité (40 %) travaillerait entre 48 et 60 heures et 27 % d’entre eux entre 61 et 80 heures. Au-delà, ils sont encore 5 % à affirmer effectuer plus de 80 heures de travail par semaine. Quant au découpage du temps de travail en demi-journées (8 de stage, 1 de formation coordonateur et 1 de formation personnelle), ils étaient près de 8 sur 10 à avouer ne pas le respecter. Pire encore, un interne sur deux avait déclaré ne pas se conformer au repos de sécurité hospitalier et universitaire obligatoire après une garde de nuit.

Plus d’argent ou moins de surmenage

Dans ce contexte où « en plus de faire des heures supplémentaires, l’interne les réalise gratuitement », l’ISNI réclame donc la mise à disposition du TTA tel qu’annoncé par Marisol Touraine, mais jamais entré en vigueur depuis. Réalisé sur la base du volontariat et constitué de 15 demi-journées par trimestre (5 par mois) rémunérées sur la base du tarif de garde supplémentaire (130 euros pour une garde complète), le TTA a semble-t-il disparu avec les cartons de l’ancien exécutif avant qu’un texte ait pu voir le jour. L’ISNI estime que son instauration conduira à une diminution des heures supplémentaires et à l’optimisation de leur temps de travail.

Interrogée par le Quotidien du Médecin, l'intersyndicale nationale autonome représentative des internes de médecine générale (ISNAR-IMG) n’est quant à elle pas sur la même ligne. Son Président, Maxence Pithon, préfère « veiller à l’application de la réglementation en vigueur » plutôt que de « réfléchir à de nouvelles dérogations ». Se basant également sur les résultats de l’enquête déjà citée, il met surtout en avant les risques de survenue d’état dépressif lorsque le nombre d’heures effectuées dépasse le cadre légal.

Benoît Thelliez

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Vos réactions (1)

  • Une situation révoltante

    Le 23 octobre 2017

    J'ai terminé l'internat (en pharmacie) il n'y a pas si longtemps en Ile de France, je discute souvent avec une amie en cours d'internat de gynéco-obstétrique (aussi en IDF), et je ne vais pas mâcher mes mots : l'internat en médecine c'est de l'esclavage (avec une paie, certes). Je pense que les statistiques ci-dessus sont un peu plus optimistes uniquement parce que les conditions d'internat en IDF sont très différentes de la province (plus cool).

    En effet, quand on se tape 80 à 100 heures/semaine (en pharmacie j'en faisais entre 50 et 60 ; j'avais déjà à peine le temps de faire ce que j'avais à faire en dehors du boulot), que l'on brancarde et remplace les sages-femmes au pied levé et au détriment de la formation (quand on fait un accouchement physiologique, on ne va pas au bloc apprendre à opérer !), bref que l'on fait toute les merdes du service, qu'on est payé à peine de quoi payer un loyer et sa nourriture (si l’on habite Paris) (2000€/80 heures en 4ème année ; en 1ère année j'en parle même pas !), qu'on est dé-socialisé (pas le temps), qu'on doit faire, pour faire plaisir aux professeurs d'université qui doivent justifier leur poste, un mémoire de DES et une thèse d'université sur des sujets différents (en pharmacie, mémoire de DES = thèse) et un M2 recherche et des DU qu'il faut aussi financer (seule façon d'apprendre l'échographie, la colposcopie, etc.), que l'on doit valider sa formation DES par des cours toute l'année jusqu'à 21h avec exam' en juin, que l'on supporte des collègues misogynes et que les collègues AHU ou PH vous piquent votre travail en y apposant leur nom, je pense qu'on est dans le très grave.

    Je ne comprends même pas qu'ils tiennent le coup sans se plaindre, mais la fatigue ça étouffe la révolte...

    Je précise qu'en Allemagne, pays où le salaire moyen est bien inférieur à celui de la France (travailleurs précaires +++), un interne débute à 3000 € net sans les gardes (source : mon amie gynéco qui y est allée en Erasmus, à Berlin, ville où de plus le coût de la vie n'est pas très élevé : avec 1000 € on vit déjà bien).

    Ce qui fait qu'à Paris le travail est supportable pour certains, c'est que les fils et filles de familles très bourgeoises (en majorité dans les effectifs médicaux) sont aidés par la famille et le conjoint financièrement et humainement. Quand ce n'est pas le cas, les conditions de vie sont déplorables.

    Je ne parle même pas des chefs qui vous empêchent d'aller en cours (ils vous laissent tout leur boulot à finir pour partir à la fac) et qui après se retournent contre vous car vous n'êtes pas allé en cours (ou vous étiez en retard) ! L'absurdité de notre société dans toute sa splendeur.

    Une situation révoltante, humiliante qui forme des soignants maltraitants (car ils retournent la violence reçue - et leur fatigue - contre les patients). Pour former des soignants bienveillants, il faut une formation bienveillante et humaine : c'est juste la base.

    Ceux qui ne l'ont pas compris sont d'une autre époque et doivent (enfin) prendre leur retraite !
    Je rajoute c'est une très bonne idée de réforme, de faire payer les heures sup...

    Dr Emilie Teyssières
    Pharmacienne hygiéniste

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