Reste à charge, tiers payant…et mots malheureux : Agnès Buzyn parle de 2018

Paris, le mercredi 22 novembre 2017 - Invitée de l'Association des journalistes de l'information sociale (AJIS) ce mardi matin, Agnès Buzyn a dévoilé son plan d’action pour l’année prochaine.

Un pas de plus vers la fin du paiement à l’acte

Concernant la rémunération des médecins, elle a fait valoir qu’« il faut penser en termes de filières de prise en charge, comme les GHT le font déjà et que l'on réfléchisse à une tarification au parcours et au forfait qui permette à chaque acteur de trouver sa place dans le parcours de soins (…) Nous avons déjà des modes de rémunération diversifiés (…) mais pour l’instant on a du mal à appréhender la qualité. Il faut faire des progrès sur les indicateurs de qualité, de satisfaction des malades, de pertinence ».

Ce changement lui aurait été inspiré par l’administration Obama, qui  « en deux ou trois ans (…) a totalement révolutionné le mode de rémunération des médecins, y compris en médecine libérale »  et « introduit des rémunérations à la qualité et la pertinence ».

Le ministre a donc annoncé que seraient engagées « dès 2018 » des expérimentations de « tarification au parcours pour une maladie chronique pour laquelle de multiples acteurs de santé sont amenés à intervenir qu'ils soient dans le secteur ambulatoire ou à l'hôpital ».

Tiers-payant et télémédecine seront-ils les piliers de l’accès aux soins du futur ?

Elle a également rappelé sa position sur le tiers payant et a réexpliqué pourquoi elle ne souhaitait pas le rendre obligatoire en l'état. « Mon objectif est (…) que, progressivement les médecins s’engagent dans un tiers payant généralisé ».

Sur l'article 36 du PLFSS 2018 visant à déployer la télémédecine, Agnès Buzyn prône là aussi « la régulation par la qualité », la télémédecine n'ayant néanmoins pas, selon elle, vocation à être applicable à toutes les consultations.

Zéro reste à charge : avancées et mots malheureux

Le chantier du "zéro reste à charge", promis par le président de la République pendant la campagne, qui porte sur les secteurs du dentaire, de l'optique et de l'audioprothèse, devrait avancer en 2018, malgré une marge de manœuvre réduite, la mesure coûterait en effet, selon les experts autour de 4,4 milliards d'euros par an.
Pour le ministre l’atteinte de cet objectif tient surtout à la définition d'un « panier de soins nécessaires » « qui sont indispensables » et auquel « tout le monde aura accès ».

Le calendrier de mise en œuvre a été quelque peu détaillé. En dentaire, les premières propositions sur le reste à charge zéro devraient intervenir « dans le courant de l'année 2018 ».

« En optique et en audioprothèse, nous commençons tout juste les consultations et concertations, de façon totalement indépendante car les filières sont très différentes » a-t-elle expliqué en doutant parvenir à un accord pour le projet de loi de financement de la Sécurité sociale (PLFSS) 2019.
Pour synthétiser sa position, elle a eu cependant des mots jugés malheureux sur les bancs de gauche de l’Assemblée nationale : « On n'est pas là pour offrir des montures Chanel à tout le monde ou des verres antireflet qui filtrent la lumière bleue ».

Ainsi, « ce gouvernement pense caviar et maintenant Chanel quand l'enjeu est la justice sociale et l'égalité dans l'accès aux soins » n’a pas manqué de réagir la députée France Insoumise (FI), Clémentine Autain, « Avant, ils nous parlaient correctement. Mais ça c’était avant » a quant à lui commenté, le journal Fakir, dirigé par le député apparenté FI, François Ruffin.

Frédéric Haroche

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Vos réactions (1)

  • A Buzyn et Chanel

    Le 24 novembre 2017

    En quoi est-ce offensant de préciser que le "zéro reste à charge" concernera des produits de qualité, efficaces mais pas des produits siglés -ce qui n'est pas gage de qualité- ?

    Marie-Odile Marchal

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