Les communes rivalisent d’inventivité pour attirer les médecins

Paris, le jeudi 7 décembre 2017 - En attendant que les mesures du plan annoncé par le gouvernement pour lutter contre les déserts médicaux fassent effet, de nombreuses communes, communautés de communes et autres territoires se démènent pour que des médecins et des étudiants en dernière année trouvent quelque attrait à venir s’installer sur leurs terres. C’est par exemple le cas du Livradois-Forez, un ensemble naturel régional situé sur trois départements, le Puy-de-Dôme, la Haute-Loire et la Loire, dont les deux plus grandes villes sont Thiers et Ambert, qui a envoyé une délégation à la faculté de médecine de Clermont-Ferrand lors de la 9e Journée universitaire de la médecine générale en Auvergne qui s’est déroulée le 2 décembre.

Interrogée par le quotidien régional La Montagne, Emilie Grille, chargée de mission Pays Vallée de la Dore  au syndicat mixte du Parc Livradois-Forez, explique que les temps de pause entre ateliers et présentations de thèses ont été mis à profit pour rencontrer les étudiants en médecine générale et leur décrire le parcours d’installation que cette entité régionale est en train de mettre sur pied. Bien qu’il existe des aides financières, Emilie Grille considère que « pour les étudiants en médecine, ce n'est pas le plus important ». Selon elle, « ils apprécient d'être accompagnés sur le plan humain, d'avoir la possibilité de trouver un emploi pour le conjoint, un logement, des établissements scolaires ». D’autre part, comme, « sur le plan professionnel, leur volonté, c'est de travailler en équipe, de ne pas se sentir seul et de ne faire dans la mesure du possible que du travail de soignant, d'être dégagé de la partie administrative », l’objectif pour ces communes est donc de leur assurer des conditions d’exercice et de vie en adéquation avec leurs aspirations.

Mini-croisières et spectacles

La communauté d’agglomération du Grand Villeneuvois (CAGV) dans le Lot-et-Garonne utilise quant à elle d’autres "ficelles" pour attirer médecins et étudiants dans son périmètre. Elle va ainsi réitérer en 2018 son opération « Votre avenir est ici » qui se présente sous la forme d’un jeu-concours avec un week-end de trois jours tous frais payés en Grand Villeneuvois à gagner pour cinq participants. L’occasion pour les responsables locaux de faire découvrir aux médecins, étudiants, et leurs conjoints les équipements de santé du territoire, à savoir les trois Maisons de santé pluriprofessionnelles ainsi que le Pôle de santé situé à Villeneuve-sur-Lot. Il faut dire qu’il y a urgence : sur les 15 médecins généralistes en activité en 2017 à Villeneuve et son agglomération, dix ont plus de 60 ans dont sept plus de 65.

En plus de rencontres professionnelles et de visites des installations, les édiles parient également sur la découverte par les lauréats du concours de leur environnement naturel et culturel. Selon Patrick Cassany, président de la CAGV interrogé par Ladepeche.fr, celle-ci a « des atouts, des paysages, un patrimoine, des installations, des services, une qualité de vie, à mettre en avant et à faire connaître. Car s'installer quelque part, c'est souvent un choix de vie et souvent à deux ». Le week-end sera également l’occasion pour les gagnants de profiter d’une mini-croisière sur le Lot, de visiter des expositions, des sites sportifs, des marchés traditionnels ou encore d’assister à une soirée spectacle spécialement organisée à leur attention. Le tapis rouge n’est plus très loin…

Benoît Thelliez

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Vos réactions (2)

  • Et pendant ce temps-là que font les CPAM ? Rien !

    Le 08 décembre 2017

    Les communes rivalisent d’inventivité pour attirer les médecins. Bien mais ont-elles accès aux décisions de l'Assurance Maladie ?

    Et pendant ce temps-là, les CPAM qui devraient améliorer la répartition des professionnels de santé ne fait rien, strictement rien. Alors que leur responsabilité est en cause.

    Mais voilà c’est dans le paysage : les inégalités d’accès à la médecine fracturent la société française en deux parties : les habitants des grands centres, de loin les plus chanceux et ceux qui vivent en milieu rural, bien plus défavorisés à quelques exceptions près.

    La seule façon de parvenir à un résultat dans le domaine des déserts médicaux est de demander un effort à l’Assurance Maladie. Cet effort consiste à réduire cette fracture par leurs habitudes.

    Ils ne peuvent s’entreprendre qu’à l’aide de décisions inégalitaires entre les CPAM dont les assurés vivent des inégalités flagrantes.

    Ces déserts médicaux ont des causes variées qui vont des problèmes démographiques, des établissements de proximité, des divergences des époux pour diverses raisons. Le CNOM les a énumérées, il en reste. Ce ne sont pas les maisons médicales qui changeront cela !

    Cette tendance aux déserts médicaux s’aggrave si les hôpitaux référents de ces régions rurales sont de moins en moins performants du fait des pénuries en spécialistes ou par manque de matériel technique.

    La tendance aux déserts médicaux ne relève pas, toutes, de simples considérations économiques ou démographiques, loin de là. Le CNOM les avait mentionnées. Il en reste. Il existe des cas surprenants qu’aucun ministère ne peut ni concevoir ni solutionner. Pas même les syndicats ou les CDOM.

    J’en ai visité une douzaine au cours de missions de la MSA en 2005-2008 dans une trentaine de départements et soixante chefs-lieux de canton. Cela ne m’autorise certes pas à proposer des solutions.

    Quelques possibilités, faciles à mettre en place, pourraient avoir un effet rapide. Quelques suggestions :

    1-Supprimer le ticket modérateur dans les déserts médicaux.

    Le ticket modérateur, au lieu de modérer l’accès aux soins pour toutes les situations, génère des retards de première consultation préjudiciables essentiellement là où les populations sont en difficulté économique. C’est le cas presque toujours des déserts.

    Cela équivaut à augmenter les actes de 30 %. Cela conduit à un diagnostic précoce et à un moindre coût.

    2-Payer les médecins pour la totalité des actes sans ticket modérateur ni mesure discriminatoire
    Il faut que les praticiens qui osent prendre en charge des actes (propharmacien, échographies, radiographies et réductions du MS, gynécologies, biologies avec automate) soient payés en tiers payant, même si les actes sont réalisés le même jour, mieux encore s’ils le sont le même jour. Finie la NGAP !

    Tout cela constitue une dépense. Cependant, ces mêmes examens prescrits par un médecin du désert coûteront le même prix, auquel il faut ajouter les dépenses des déplacements, et les retards au diagnostic.

    3-Appliquer le tiers payant pour tous ceux qui le demandent sans restriction aucune.

    Les assurés qui vivent au désert ont rarement de quoi avancer les sommes dues à leurs praticien en tiers garant. Mieux vaut leur proposer le tiers payant sans obligations.

    Bref un catalogue qui a des résultats là où il les a. De là à transposer ces résultats à toutes les situations, rencontrées on peine à croire que cela soit possible dans tous les déserts médicaux. Il y manque le principal intervenant : l’Assurance maladie. Attendez-vous chers confrères à son hostilité. Le contraire serait une surprise !

    Dr Jean Doremieux

  • Est-ce bien raisonnable ?

    Le 10 décembre 2017

    C'est bien gentil mais sachant que la médecine tue 30 fois plus que la route (d'après des études "sérieuses"), est-ce bien raisonnable de faire venir un médecin ?

    Dr Marc Lemire

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