Pas de pratique avancée infirmière sans autonomie !

Paris, le vendredi 15 décembre 2017 - Le Conseil Économique Social et Environnemental (CESE) a publié hier un avis sur les déserts médicaux. Ses propositions sur le conventionnement sélectif des médecins, notamment, auront quelque peu éclipsé ses préconisations visant à « répartir différemment les tâches entre les professionnels de santé », qui si elles étaient appliquées pourraient créer de nouvelles frontières entre professionnels de santé.

Le CESE propose ainsi de transférer au corps infirmier le suivi des maladies chroniques et de certains transplantés, la surveillance de divers traitements et la réalisation de certains actes.

Le CESE suggère « qu’une telle modification du partage strict des compétences » prenne la  « forme d’un assouplissement ponctuel » (délégation de tâches, protocoles de coopération) ou, « plus radicalement, d’une redéfinition des périmètres d’exercice ».

A cet égard, le CESE souligne que les décrets concernant la pratique avancée infirmière qui « font l’objet d’un lobbying intense » ne seront efficients contre les déserts médicaux « que si les auxiliaires médicaux peuvent exercer de façon autonome ». Aussi, le CESE prêche-t-il pour que « le curseur » soit « déplacé vers davantage d’autonomie ».

F.H.

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Vos réactions (2)

  • Réformer dans l'intérêt des patients

    Le 15 décembre 2017

    Du point de vue de l'auxiliaire médical que je suis, cette perspective est sans doute flatteuse mais, même si moyennant une formation complémentaire qui ne manquerait pas d'être indispensable dans la majorité des cas, on ne peut sûrement pas s'appuyer sur un "lobbying" pour penser intelligemment les transferts de compétences que ça suppose.

    On ne peut d'ailleurs pas davantage compter sur le C.E.S.E dont la "compétence" en la matière me semble plus que limitée et où les suspicions d'influence lobbyistes ont encore plus de chances d'emporter des convictions assez mal fondées.

    Il s'agit d'abord et avant tout, dans l'intérêt des patients et de la QUALITE des soins, d'un problème technique et professionnel où les principaux interlocuteurs sont nécessairement les Médecins (généralistes et Spécialistes) et les auxiliaires médicaux (Infirmier.e.s ; Kinésithérapeutes) qui doivent définir les besoins en la matière et avancer des solutions pour les satisfaire en toute sécurité, à l'image de ce qui se passe dans les meilleurs services où on sait allier technicité élevée, volonté absolue de bien-être du patient et coopération intelligente et dans la confiance et la bonne ambiance.

    Bien sûr, on ne peut esquiver les aspects économiques mais le pire serait d'en faire d'abord un problème économique. Tomber dans ce piège serait l'assurance (les exemples ne manquent pas) de faire accoucher cette réforme par des gens incompétents pour en gérer les dimensions essentielles.

    Henry Tilly (MK)

  • L'histoire se répète...

    Le 19 décembre 2017

    Si on se fie aux différentes mises à jour de ce que l'on appelait à l'époque et à tort, notre "décret de compétences" infirmier, ces mises à jour n'ont toujours été qu'une régularisation des glissements d'actes médicaux dans les pratiques infirmières. Il en a été ainsi pour l'ECG, les injections dans les chambres implantables, les vaccins, etc.

    Malgré ces mises à jour très (trop) lentes, dans plusieurs services, les IDE sont encore actuellement en exercice illégal de la médecine,"sous couvert" des médecins avec qui elles exercent.
    Il faut cesser de se voiler la face : le passage d'actes médicaux dans le champ infirmier n'est pas nouveau, ni dans les actes délégués, ni dans la façon de le faire. Sans ces "glissades" les services ne pourraient fonctionner et assurer la partie "strictement" médicale.
    Ces glissements de tâches du médecin à l'infirmière en entraînent d'autres chez les aides-soignants qui se retrouvent dès lors à faire des actes infirmiers auxquels elles n'ont pas été formées : glycémie capillaire pour n'en citer qu'un très "commun". Entre nous pourquoi une glycémie faite par le patient lui-même serait plus crédible que celle faite par une aide-soignante qui y est formée ?

    Soit on accepte la technicisation des prises en charge actuelles et futures et l'on prend dès lors acte de l'ampleur des actes techniques que cela demande et des acteurs qui sont nécessaires à les réaliser. Soit on se couvre la face, pataugeons encore et encore dans le discours rétrograde de limites de champs de compétences de chacun mais dans ce cas, cessons de nous plaindre !

    C'est au delà du problème économique, c'est un problème de faisabilité. Bouger les lignes sur les compétences de chacun avec une formation à la clef pour pouvoir offrir ce dont les patients ont réellement besoin, plutôt que faire faire à quelqu'un non "patenté", un acte qu'il n'est pas sensé faire au risque que cela soit mal fait... et pour lui d'être éligible à l'accusation d'exercice illégal de la médecine.

    Bouger les limites est une solution à pendre au sérieux. Sinon, on verra des glissements de tâches entre professionnels qui n'ont pas forcément les mêmes connaissances de base (vaccins ou prise en charge des pansements de plaies chroniques par les pharmaciens...). Et pourquoi pas bandage d'une entorse ? Ils ont le matériel à disposition... non ?

    Charlaine Durand

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