
Il vient en effet d’être annoncé par la CGT la tenue d’un mouvement de grève nationale dans les EHPAD le 30 janvier et la diffusion d’une pétition visant à interpeller le président de la République, tandis que l’on a appris que certains EHPAD appellent en renfort…les proches des patients à quelques jours des fêtes !
En marge de cette actualité chargée, la presse locale de la Creuse alerte, à son tour, sur la situation de ces établissements et dévoile, témoignages à l’appui, une chronique ordinaire de la maltraitance en EHPAD.
Quand le soin est chronométré
Les agents qui racontent leur quotidien dans La Montagne et Le Populaire du Centre « dénoncent l'impossibilité d'exercer leur métier en préservant la dignité et le bien-être des personnes dont ils ont la charge » comme le souligne Julien Rapegno, qui a réalisé ce reportage édifiant.En premier lieu, revient sans cesse la dictature du chronomètre : « on ne peut consacrer que sept minutes à une toilette […] Le soir, on a quarante minutes pour faire manger dix à douze résidents, à deux agents. Il y a des risques de fausse route » comme l’explique un soignant anonyme.
C’était mieux avant ?
Les plus anciens soutiennent, quant à eux, « que les
personnes âgées étaient bien mieux considérées et prises en charge
il y a trente ans (…) que le niveau de dépendance des résidents,
qui arrivent plus âgés, ne cesse de s'accroître et nécessite une
plus forte prise en charge, sans qu'il y ait les moyens humains en
face ».
Rappelons que dans son rapport, commandée en urgence après le
conflit social historique des Opalines*, la députée Monique Iborra
avait fait de l’inadaptation des EHPAD à sa « nouvelle »
population, la cause profonde de leur malaise.
« Je préfère retourner à l’usine »
Nathalie Teste, représentante CGT compare, quant à elle, dans
les mêmes colonnes, les situations française et allemande. Chez nos
voisins, on compte ainsi « un soignant par résident » contre
un pour huit dans notre pays. Il en découle naturellement des
dysfonctionnements : « on ne peut donner qu'une douche toutes
les trois semaines […] certaines personnes sont couchées à 17
heures chaque jour et sont laissées jusqu’à 14 heures dans leur
lit, ce qui favorise les escarres. On n'a pas le temps de leur
parler pour les aider à s'endormir, la consigne c'est de leur
donner des anxiolytiques ».
Enfin, ici aussi, les conditions de sécurité nocturne sont
dénoncées, la plupart des EHPAD ne disposant pas d’infirmier et
encore moins de médecin de garde.
A Nathalie Teste de rappeler et de conclure « on a deux fois
plus d'arrêt maladie que dans le BTP. L'autre jour, une
aide-soignante m'a dit : Je préfère retourner à l'usine »,
propos symbole d’un inquiétant « turnover » et du désarroi
des personnels.
*EHPAD en grève pendant près de 3 mois entre avril et juillet pour
dénoncer la dégradation des conditions de vie des pensionnaires et
de travail des personnels.
F.H.