AP-HM : un projet de modernisation inquiète

Marseille, le mardi 23 janvier 2018 - L’Assistance publique - hôpitaux de Marseille (AP-HM) connaît une situation financière déplorable : un milliard d’euros de dette qui est à peine moins élevée que son budget de 1,3 milliards. Les raisons de cette dérive sont multiples : outre le fait que l’AP-HM fait partie de ces établissements qui ont le plus pâti du passage à la tarification à l’activité (T2A) (sa dotation globale était très avantageuse et elle est fortement concurrencée pour les activités programmées par le privé très développé dans la région), les hôpitaux marseillais payent également les conséquences d’une gestion jugée calamiteuse. Les emprunts toxiques et une survivance marquée du clientélisme (dénoncée par un rapport de l’Inspection générale des affaires sociales, IGAS, en 2014) ont en effet contribué à grever davantage encore le budget. Aujourd’hui, la direction souhaite rompre avec cette logique et vient de déposer un projet de modernisation de 300 millions d’euros devant le Comité interministériel de la performance et de la modernisation de l’offre de soins hospitaliers, dont la réponse est attendue le 31 janvier. L’espoir de l’AP-HM est de voir le programme financé à hauteur de 50 %. Mais du côté des syndicats, cette perspective inquiète. Ils sont en effet convaincus que la restructuration entraînera inévitablement des fermetures de postes et des suppressions d’emplois, ce que ne nie pas la direction en refusant cependant d’avancer des chiffres. Cette crainte, ajoutée à des conditions de travail dégradées par les difficultés budgétaires, attise depuis plusieurs semaines de multiples mouvements sociaux, parfois soutenus par les représentants médicaux.

M.P.

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Vos réactions (1)

  • Bon courage, Messieurs Dames

    Le 28 janvier 2018

    Le système Gaston Deferre semble donc persister. Tout compte fait, la T2A n'est parfois pas si mal mettant en évidence qu'après le protectionnisme à tout prix de l'hôpital par les différents gouvernements (notamment de Mr Hervé avec le budget global mais aussi tous ses successeurs), il reste un fait : "dans un système où que tu bosses ou tu ne bosses pas tu bouffes quand même", on s'arrête de travailler. Et il est difficile de se remettre au travail. Le problème est que les administrateurs hospitaliers comptaient souvent beaucoup plus sur les subventions que leur concédaient les politiques que sur le travail de leurs administrés et la qualité de leur gestion (on ne repètera jamais assez qu'il n'y a pas de gestionnaires compétents dans les hôpitaux mais des administrateurs répercutant les décisions du ministère de la santé avec le parasitage des politiciens locaux, c'est ce que produit l'école de Rennes).

    La loi Bachelot dont le seul résultat (attendu ?) était la mise à l'écart des médecins (ah! le fameux pouvoir médical honni cf Ivan Ilitch) a plutôt accéléré le processus de décomposition, les directeurs confisquant la réforme Mattéi et s'arrogeant tous les pouvoirs en démantelant les structures pré existantes (les services et départements) et en ne les remplaçant par rien.

    Arrêtons de croire que la hiérarchie pyramidale (le saint esprit descendant sur les apôtres) est possible dans des entreprises de plusieurs milliers d'employés : toutes les entreprises ont aplati ces pyramides alors que le résultat de la réforme Bachelot bricolée aux petits oignons par les directeurs d'hôpitaux, croyant pouvoir s'appuyer sur les surveillants (oh pardon, les cadres infirmiers) plus dociles que les médecins, a été exactement le contraire. Ce n'est pas la T2A qui est en cause mais le mode de fonctionnement même de l'hôpital. Alors bon courage ! Essayez de mettre au travail des personnels qu'on a démotivés avec des décideurs qui n'ont aucune connaissance ni retour du "marché" (les besoins en soins de la population). Et citez moi une seule entreprise qui marche avec le même modèle.

    Dr Claude Krzisch

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