Or, on considère, d’après les données actuelles de la littérature, que l’asthme sévère représente de 5 à 10 % de l’ensemble des patients asthmatiques. Pour actualiser ces chiffres, des auteurs se sont servis de la base de données dite EGB1 (échantillon généraliste de bénéficiaires 1). L’EGB est un échantillon représentatif de 1% des bénéficiaires protégés par les régimes d’Assurance maladie.
Entre 95 000 et 257 000 asthmes sévères en France
Afin d’identifier la sous-population des asthmatiques graves, un algorithme a été créé à partir des critères entrant dans la définition de l’asthme sévère : les traitements délivrés (corticoïde inhalé [CSI] à moyenne ou forte dose avec un bêta-2 de longue durée d’action ou traitement par omalizumab) les données d’ALD (en 2014) et les motifs d’hospitalisations sur la période 2006—2014.Les auteurs ont distingué 2 groupes. Le premier, les asthmatiques sévères certains, correspond aux sujets traités par omalizumab ou ayant eu au moins 10 délivrances d’un traitement par CSI à doses moyennes à fortes et satisfaisant l’un des 2 critères suivant : prise en charge à 100% pour insuffisance respiratoire sévère ou une hospitalisation pour asthme entre 2006 et 2014. Le second groupe correspond aux asthmatiques sévères probables (traités par CSI à doses moyenne à fortes et ayant été hospitalisés pour le diagnostic d’asthme ou de BPCO, ou bénéficiant d’une ALD pour insuffisance respiratoire).
Sur 23 757 sujets âgés de 18 ans et plus, l’algorithme identifie 850 patients avec asthme sévère certain (extrapolables à 95 000 personnes en France) et 1452 avec asthme sévère probable (ou 162 000 personnes si l’on rapporte ce nombre à la population française). En conclusion, l’asthme sévère identifié par un algorithme dans l’EGB1 conduit à une estimation d’asthmatiques sévères à l’échelle de la population française allant de 95 000 à 257 000 patients en 2014. Gestionnaires de santé, à vos calculettes !
Dr Béatrice Jourdain