
Des mesures de protection insuffisantes au CHU de Poitiers ?
Elle s’appelait Jessica et avait 32 ans. Le Centre hospitalier universitaire (CHU) qui l’a prise en charge indique que son décès est survenu « dans un contexte de comorbidités sévères et complexes ». La mère de Jessica qui a souhaité témoigner devant la presse a notamment confirmé que sa fille souffrait d’obésité sévère. Cette pathologie avait conduit la jeune femme à restreindre drastiquement ses déplacements et ses sorties. Elle s’était contentée récemment d’accompagner ses parents au CHU de Poitiers, où selon sa mère elle aurait été contaminée dans la salle d'attente. Ce week-end là effectivement, le CHU a reçu un afflux important de patients atteints de la rougeole et confirme qu’elle pourrait faire partie des cinq personnes ayant pu « contracter la maladie au contact d’un autre patient (…) lors de l’apparition des premiers cas ». Si des mesures destinées à limiter la propagation de l’épidémie au sein de l’hôpital ont été aujourd’hui prises, la mère de Jessica assure qu’elles n’avaient pas été déployées lors de la visite de la jeune femme à son père. Elle déplore par ailleurs que sa famille n’ait pas fait partie des personnes contactées par l’ARS pour les alerter d’un éventuel risque ; bien qu’une procédure de rappel ait bien été lancée qui a inclus 91 personnes et une centaine de soignants. Jessica n’était pas vaccinée ; sa mère affirme que quand la question s’était posée pendant son enfance, le discours ambiant assurait que cela n’était pas nécessaire. On compte ainsi des milliers de jeunes adultes non protégés : « Il y a des gens de 20 à 40 ans qui ont grandi sans être vaccinés et se retrouvent aujourd'hui non immunisés. Il reste un énorme réservoir de sujets non immunisés, qui peuvent être demain les prochains cas de rougeole, voire de décès », déplore Daniel Lévy-Brühl, responsable de l'unité chargée des infections respiratoires et de la vaccination au sein de Santé publique France.Très contagieuse et potentiellement mortelle
Ce tragique épisode le rappelle : la vaccination contre la rougeole est essentielle et est d’ailleurs désormais obligatoire pour tous les nourrissons. D’abord, parce que la rougeole est très contagieuse : « Dans une population non vaccinée, on estime qu’un malade de la rougeole va infecter en moyenne 17 personnes de son entourage. Pour la grippe, c’est seulement 1,5 personne », rappelle cité par La Croix le professeur Floret vice-président de la commission technique des vaccinations. Ensuite parce qu’elle est potentiellement une maladie grave. « Parmi les adultes, qui développent des complications mortelles de la rougeole, principalement des pneumopathies ou des encéphalites, une partie non négligeable sont des personnes immuno-déprimées. Mais, parfois, la rougeole peut aussi tuer des gens en parfaite santé », insiste le professeur Floret. Plus que jamais, l’engagement réaffirmé des autorités en faveur de la vaccination apparaît essentiel : ce matin Agnès Buzyn a prié les personnes non vaccinées de faire un rattrapage. L’ARS d’Aquitaine insiste sur le fait qu’au moindre doute quant à son statut vaccinal, il importe de consulter son médecin rapidement.Aurélie Haroche