Acide folinique dans l’autisme : des résultats très encourageants

Une étude venant de paraître dans Molecular Psychiatry a évalué l’efficacité de l’acide folinique (métabolite actif de l’acide folique) dans l’autisme. L’idée derrière cette tentative est de pallier le déficit central en folates constaté fréquemment au cours du trouble du spectre autistique (TSA). Ce déficit serait provoqué par l’action d’anticorps dirigés contre le récepteur en folate FRα, qui joue un rôle dans le passage de la barrière hémato-méningée par les folates. Ces anticorps seraient présents dans 60 % des cas d’autisme pour les anticorps bloquants et 44 % pour les anticorps liants (contre seulement 3 % chez les enfants indemnes de TSA).

Les 48 patients inclus (3 à 14 ans) avaient reçu un diagnostic de TSA et présentaient un retard de langage. Ils étaient répartis aléatoirement dans un groupe traitement (2 mg d’acide folinique par kilo) ou un groupe placebo, pour une durée de 12 semaines. L’efficacité du traitement a été évaluée sur des échelles différentes en fonction de l’âge, une réponse clinique étant définie par une augmentation de 5 points standardisés sur l’une de ces échelles.

65 % de répondeurs

Il a ainsi été mis en évidence une amélioration significative de la communication verbale chez les enfants sous acide folinique (65 % de répondeurs contre 41 % dans le groupe placebo, p=0,01), avec une nette efficacité dans le groupe ayant des anticorps anti-FRα (77 % de réponses). Il n’y avait aucune différence entre les groupes concernant les effets indésirables. Dans les critères de jugement secondaire, les auteurs ont mis en avant une diminution nette de la léthargie et des comportements stéréotypés. 

Cette étude suggère ainsi l’efficacité de l’acide folinique pour les TSA associés à un déficit central en folates. L’acide folinique a de fait l’avantage de ne pas dépendre du FRα pour le passage de la barrière hémato-méningée, ce qui expliquerait son efficacité dans cette indication. Par ailleurs, le dosage des anticorps anti-FRα pourrait être raisonnablement envisagé à la place de la ponction lombaire dans cette indication.

Une récente étude parue dans JAMA Psychiatry suggérait une diminution du risque de trouble du spectre autistique grâce à la supplémentation des mères en acide folique et autres vitamines. Le métabolisme des folates semble être directement en lien avec la physiopathologie du TSA. Si cette étude était confirmée, il s’agirait d’une avancée très prometteuse pour le traitement de l’autisme. La dose utilisée ici était importante, mais on ne peut exclure qu’une augmentation supplémentaire de la posologie puisse conduire à davantage d’efficacité.

Dr Alexandre Haroche

Référence
1. Frye RE et coll. : Folinic acid improves verbal communication in children with autism and language impairment: a randomized double-blind placebo-controlled trial. Mol Psychiatry. 2018 ; 23 :247‑256.

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Vos réactions (1)

  • L'autisme : un inventaire à la Prévert

    Le 26 février 2018

    Cette n’ième étude épidémiologique de la causalité de l’autisme vient compléter un inventaire déjà bien fourni on peut le dire disparate et comparable à celui de Prévert(une douzaine d’huîtres, un pain, un
    rayon de soleil, un raton laveur...). En effet l’autisme n’est pas une maladie ni un syndrome, mais un symptôme en dehors du Kanner et de l’Asperger qui restent à démembrer, que l’on retrouve dans nombre de pathologies neuropédiatriques. Comment comparer l’autisme (pour faire simple) de la STB à celui du
    syndrome de Rett pour ne pendre que cet exemple?
    L’autisme est donc divers et rechercher une
    cause univoque à une pathologie composite est une approche réductrice, et l’on peut énumérer les vaccins, le gluten, le cervelet, l’épaisseur du cortex, le sillon temporal supérieur, les virus, les microbes, et en dernier les échographies et le chlore, à ce propos on attend les résultats du Butenamide qui paraît-il donne des résultats encourageants comme l’acide follinique ! Qui comme l’acide folique se trouve dans l’organisme sous forme de folates dont le déficit avait en son temps été mis en cause dans le déterminisme des spina bifida des enfants de mères épileptiques sous Valproate, mais mutatis mutandis actuellement le C.R.A.T (centre de référence des anomalies tératogénes) ne préconise plus l’acide folique préventif dans ce contexte alors que pendant des décennies tous les épileptologues dignes de ce nom
    n’auraient pour rien au monde failli à la prescription de foldine aux femmes épileptiques en projet de grossesses. Encore un dogme aux oubliettes. Alors que dira-t-on de l’hypothèse qui nous occupe dans quelques années ? Infirmée? Non concluante? Les troubles du spectre autistique (TSA) ont encore de l’avenir et gageons que d’ici peu de prochaines études épidémiologiques viendront alimenter le débat!

    Dr Hervé Isnard

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