Des critères pour le diagnostic dermoscopique des mélanomes in situ

Le diagnostic de mélanome débutant n’est pas une science exacte. L’éditorial qui accompagne l’article de Nufer KL et al, dans le JAMA Dermatology, en ligne le 21 Février 2018) souligne notamment l’intérêt d’éviter les surdiagnostics. En effet, beaucoup de médecins ont naturellement tendance à préférer diagnostiquer à tort un mélanome plutôt que de passer à côté d’une tumeur potentiellement invasive. Mais comme pour d’autres cancers (sein, prostate, …) les surdiagnostics ont aussi leurs inconvénients: angoisse, exérèses larges injustifiées, bilans, consultations fréquentes, conséquences psychologiques et sociales, notamment en termes d’assurance, et au total des coûts élevés pour des lésions potentiellement bénignes.

Que ce soit du point de vue clinique, dermoscopique, ou histopathologique, le diagnostic de mélanome in situ ne fait pas consensus. Dans la détection des mélanomes débutants, la dermoscopie, qui est maintenant entrée dans la pratique courante, joue un rôle essentiel. Le but de cette étude est de mieux préciser, et si possible de simplifier, les critères dermoscopiques de mélanome in situ.

Zones hyperpigmentées irrégulières et lignes de la peau bien visibles

Au total, 1 285 lésions ont été étudiées par trois spécialistes de dermoscopie. Il s’agissait de 325 mélanomes in situ, de naevus, d’autres tumeurs pigmentées, et de mélanomes fins invasifs à titre de comparaison. Les experts ont noté l’ensemble des critères dermoscopiques présents sur ces lésions. L’analyse statistique de la fréquence de ces critères permet de retenir deux indicateurs de mélanome in situ : la présence de zones hyperpigmentées irrégulières et un signe récemment décrit : des lignes de la peau bien visibles (prominent skin markings). L’article contient des photographies très démonstratives de ces deux critères. Trois autres indicateurs sont importants, mais moins discriminants : un réseau atypique, une régression extensive, et des lignes anguleuses. Il faut tout de même noter que si elles sont statistiquement plus fréquentes dans les mélanomes in situ, les zones hyperpigmentées irrégulières ne sont observées que dans 34,8 % des mélanomes (contre moins de 10 % des naevus) et les lignes proéminentes dans 11,1 % (contre moins de 5 % des naevus). Les spécialistes de dermoscopie disposent ainsi de critères relativement robustes pour diagnostiquer un mélanome débutant. L’avenir nous dira si l’intelligence artificielle peut faire mieux.   

Dr Daniel Wallach

Référence
Lallas A, Longo C, Manfredini M, et coll. : Accuracy of Dermoscopic Criteria for the Diagnosis of Melanoma In Situ. JAMA Dermatol., 2018, publication avancée en ligne le 21 février. doi: 10.1001/jamadermatol.2017.6447.

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