D’autres conséquences possibles des punitions corporelles pendant l’enfance

Environ 10 % à 30 % des jeunes adultes sont victimes d’actes de violence dans le cadre de leurs relations sentimentales. Nombre de publications en évoquent les conséquences sur la santé mentale, la consommation de drogues, les conduites sexuelles à risque, les blessures et la poursuite de violences. Les causes de ces violences sentimentales sont multiples, affectives, comportementales (attitudes vis-à-vis des femmes), démographiques et raciales, contextuelles (armes, drogues, alcool) mais aussi liées à des facteurs anciens (antécédents de violences physiques dans l’enfance, violences familiales).

Des chercheurs en santé publique de plusieurs universités américaines ont utilisé les données d’une étude longitudinale menée au Texas sur 1 042 sujets recrutés en 2010 dans les classes secondaires et suivis annuellement. La 6ème année (2015) 758 d’entre eux (Hispaniques 32,6 %, Blancs 28,8 %, Afro-américains 26 %, Autres 12,7%) étaient toujours suivis (femmes 61 %) : ils étaient alors âgés de 20,03 ± 0,76 ans. Au cours de la dernière enquête les ces 758 sujets ont été interrogés sur les punitions corporelles et violences physiques dont ils avaient été victimes et à quelle fréquence pendant l’enfance ainsi que sur les violences rencontrées dans les relations sentimentales au cours de l’année écoulée.

Une association significative avec les violences conjugales

Un modèle a été utilisé pour déterminer s’il existait une relation entre les punitions corporelles pendant l’enfance et les violences physiques dans les relations sentimentales, après contrôle selon l’âge, le sexe, l’ethnie, le statut socio-économique et les violences physiques pendant l’enfance.

En tout, 134 participants (19 %) ont admis des violences dans leurs relations avec leurs partenaires sentimentaux et 498 (68 %) ont déclaré avoir subi des punitions corporelles pendant l’enfance. Les analyses ont montré une association positive significative entre les punitions corporelles et les violences physiques perpétrées dans les relations sentimentales (risque relatif rapproché, odds ratio 1,30 intervalle de confiance à 95 % 1,07-1,59). Après contrôle des variables sexe, ethnie, âge, éducation parentale et violences physiques pendant l’enfance, les punitions corporelles demeuraient significativement associées à la perpétration de violences dans les relations sentimentales des jeunes adultes (aOR 1,29 IC 1,02-1,62).

Ainsi, la constatation que les punitions corporelles dans l’enfance est associée à la persistance de violences dans les relations sentimentales des jeunes adultes, même après contrôle de plusieurs variables démographiques et des violences pendant l’enfance, ajoute aux données cumulées montrant les effets délétères des punitions corporelles.

Pr Jean-Jacques Baudon

Référence
Temple JR et coll. : Childhood corporal punishment and future perpetration of physical dating violence. J Pediatr 2018;194:233-237

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Vos réactions (2)

  • Rôle de l'hérédité

    Le 23 mars 2018

    Comment peut-on ne même pas envisager le rôle de l'hérédité ? Le "politiquement correct" fige le raisonnement d'une manière invraisemblable et parfois opposée d'une époque à l'autre...

    Dr Jean-Paul Boiteux

  • Stratification des punitions corporelles

    Le 24 mars 2018

    Encore faudrait-il définir précisément ce qu'on entend par "antécédents de violences physiques dans l’enfance, violences familiales" ou même "Childhood corporal punishment", un peu moins imprécis mais encore très vaste.
    Est-il logique de mettre dans le même groupe un ou deux coup de pied aux fesses annuels ou même fessées avec des enfants à la limite d'être torturés ?
    Il me semble curieux qu'on contrôle les variables sexe, ethnie, âge, éducation parentale mais qu'on n'éprouve aucun besoin d'établir quelque stratification quant à la nature, l'intensité et la fréquence des punitions corporelles reçues.
    La validité scientifique de tels résultats me semble alors bien faible.

    Dr Yves Gille

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