
Un "bad buzz" pour l’Ordre
Les commentaires ont été très nombreux. Rares ont été ceux se félicitant d’une prise de position sans nuance. L’Ordre des médecins, directement pris à partie par les signataires qui lui reprochent son inaction, se montre également agacé par cette tribune. Sur la forme, tout d’abord, l’instance regrette sa teneur « véhémente » qui a contribué à nourrir : « le buzz médiatique » plutôt « qu’une réflexion sereine et argumentée sur le sujet » juge-t-il. Ce "buzz" aurait favorisé une « confusion des genres ». Sur le fond, l’Ordre semble refuser de trancher. Concernant les « aspects scientifiques », il indique « qu’il ne tire d’aucun texte une compétence institutionnelle pour se prononcer ». Il demande donc à l’Académie de médecine de se pencher une nouvelle fois sur le sujet. Néanmoins, l’Ordre a pu publier quelques documents d’information, auxquels il renvoie pour que chacun « se forme sa propre appréciation ». Enfin, concernant les « aspects déontologiques », l’Ordre estime que son intervention ne peut se faire qu’au cas par cas. Le communiqué se conclut par une petite mise en garde concernant l’expression des praticiens dans la sphère publique ! Voilà qui ne devrait guère renforcer l’estime des signataires de la tribune vis-à-vis de l’instance ordinale.Pas d’amalgame !
Ajoutant sa voix aux contradicteurs du texte, le SML (Syndicat des médecins libéraux), contribue un peu plus à faire de l’Ordre un défenseur de l’homéopathie. L’organisation rappelle en effet que « quatre médecines alternatives et complémentaires sont officiellement reconnues par l’Ordre : l’homéopathie, l’acupuncture, la mésothérapie et la médecine manuelle ostéopathie ». Elle en conclut que ces disciplines « n’ont donc rien de fantaisistes ». D’une manière générale, le SML fustige un « insupportable amalgame ».Il s’étonne ainsi « de voir certains médecins s’ériger en inquisiteurs » pour assimiler à « des pratiques déviantes », les « orientations pratiquées par des médecins dans un cadre défini et reconnu ». Il affirme apporter « son soutien aux confrères injustement et gratuitement attaqués dans cette tribune qui visiblement se trompe de cible ».
Attention danger
Face à ces querelles, les pouvoirs publics, tout en évitant toute surenchère, affichent clairement leur mise en garde vis-à-vis des conséquences potentiellement néfastes des médecines alternatives. Dans une fiche publiée ce mardi, le ministère de la santé fait la distinction entre médecine conventionnelle et médecines alternatives. Il signale que ces dernières, même si elles peuvent faire l’objet de diplômes d’université ou universitaires ne relèvent pas de « diplômes nationaux ». Le gouvernement indique encore que les médecines alternatives « ne s'appuient pas sur des études scientifiques ou cliniques montrant leurs modalités d'action, leurs effets, leur efficacité ou encore leur non-dangerosité » et que dans certains cas « elles peuvent annihiler les chances d'amélioration ou de guérison des personnes malades ».Xavier Bataille