Le statut sérologique des utilisateurs de Grindr : une information transmise comme les autres !

Paris, le mercredi 4 avril 2018 – Application de rencontre prisée par la communauté homosexuelle et qui compte aujourd’hui 3,6 millions d’utilisateurs, Grindr permet à ces derniers de renseigner leur statut sérologique et de préciser la date de leur dernier test de dépistage. Rare, cette fonctionnalité permet à Grindr de s’autoproclamer « entreprise responsable, championne de la prévention » ! Mais cette belle image vient de se fissurer avec les révélations du site BuzzFeed. Ce dernier vient de rendre publics les résultats d’une enquête conduite par l’ONG suédoise Sintef qui a mis en évidence la transmission par Grindr de toutes les informations de ses utilisateurs, y compris celles concernant le statut sérologique, à deux plateformes Localytics et Apptimize. « Le statut VIH des utilisateurs de Grindr est partagé tout comme toutes les autres données avec des partenaires de l'appli. C'est là le problème majeur » confirme le chercheur Antoine Pultier au site BuzzFeed.

Pratiques standards

Localytics est un service d'analyse de données destiné à augmenter l’utilisation des applications mobiles et Apptimize permet de tester une nouvelle fonctionnalité chez un nombre restreint d’utilisateurs. Grindr n’a pas nié la transmission (sans commercialisation et de manière cryptée) des données de ses clients et renvoient ces derniers aux conditions d’utilisation. Il évoque encore des « pratiques standards » tout en reconnaissant le caractère sensible des informations concernant le statut sérologique. Ce cynisme morfond les associations de lutte contre le Sida, qui soulignent qu’aucune notification ne rappelle aux utilisateurs que leurs informations concernant leur statut sérologique sont susceptibles d’être transmises et pourraient potentiellement être interceptées par des tiers peu scrupuleux.
 
Aussi, un appel au boycott a été lancé, notamment par l’association Aides, qui rappelle que Grindr s’est toujours montrée réticente à accueillir ses messages de prévention. Cette affaire, même si l’application de rencontre s’en défend, illustre une nouvelle fois la vulnérabilité de nos informations personnelles dès lors que nous acceptons de les diffuser sur internet.

Léa Crébat

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