Tabac : la France enfin sur la bonne voie ?

Paris, le jeudi 5 avril 2018 – Le retard de la France par rapport à nombre de ses voisins européens en matière de lutte contre le tabagisme est régulièrement rappelé. On compte par exemple 30 % d’adolescents consommateurs quotidiens de cigarettes, contre 20 % au Royaume-Uni ou 12 % en Allemagne. Certes, des efforts constants ont été entrepris : le site américain Report Linker signalait ainsi en janvier dernier comment la consommation de tabac a été réduite de 60 % en 40 ans en France et combien l’image d’Epinal du Français « pontifiant avec une cigarette à moitié consumée à la main » avait vécu ! Néanmoins, depuis 2014, une stagnation certaine était déplorée qui a coïncidé avec le renoncement des pouvoirs publics à utiliser de manière massive l’une des armes les plus efficaces : la hausse des prix.

Jalons en 2017

Bien qu’elle se soit montrée en la matière, comme sur la plupart des autres sujets, très satisfaite et prompte à mettre en avant ses mérites, Marisol Touraine a échoué à inverser la tendance, faute d’avoir pu notamment convaincre le reste du gouvernement de la nécessité des augmentations de prix. Néanmoins, un frémissement a pu être constaté alors qu’elle quittait l’Avenue de Ségur sous l’effet conjugué d’une hausse très modérée des prix, du lancement de la première édition du mois sans tabac et de l’instauration du paquet neutre. Avec une diminution globale de 2,2 % des ventes de tabac en France, « l’année 2017 réamorce timidement le mouvement de baisse » relève en effet l’Office français de drogue et de toxicomanie (OFDT) dans un bilan  publié en mars.

Effet quasi automatique de la hausse des prix

Et l’essai semble transformé. Selon des chiffres révélés par Les Echos, une exceptionnelle baisse de 19 % des livraisons de tabac aux débitants a été enregistrée en mars 2018 par rapport à mars 2017. Cette évolution inédite depuis de nombreuses années fait suite à un recul de 4,4 % en février pour les cigarettes et de 18,6 % pour le tabac à rouler. La détermination affichée par le gouvernement en matière de lutte contre le tabac, qui s’est illustrée par une hausse de près d’un euro du prix des cigarettes le 1er mars et qui est marquée par sa volonté de voir le paquet atteindre 10 euros en 2020, semble déjà porter ses fruits.

Faisceau de signes positifs

Ces chiffres cependant ne sont pas totalement suffisants pour affirmer une diminution (importante) tant attendue de la consommation, qui sera l’objet de nouvelles statistiques présentées en mai. Mais différents indices sont néanmoins encourageants. D’abord, la baisse constatée l’année dernière ne paraît pas s’être accompagnée d’une progression des achats transfrontaliers. Les comparaisons effectuées par l’OFDT entre les départements proches de la frontière et le reste du pays « semblent indiquer » qu’ils n’ont « probablement pas augmenté en 2017, et ont même reculé dans le nord de la France. Ils ne semblent donc pas constituer l’origine du recul des ventes officiels sur le territoire français ». Autre élément très encourageant, la vente de substituts nicotiniques ne s’est jamais aussi bien portée. Quelques 2,7 millions de traitements ont ainsi été délivrés en 2017, soit 600 000 de plus que l’année précédente. Tous les types de produits sont concernés et il est probable que l’annonce récente du gouvernement d’un remboursement des substituts sous un régime similaire que celui des médicaments devrait encore accroître ce mouvement. L’optimisme de l’OFDT est également un signe évocateur : « Il est possible que la baisse de la consommation chez les jeunes et les indicateurs relatifs à l’arrêt en hausse constituent des signes avant-coureurs d’une baisse générale de la consommation » écrivent très prudemment les experts de l’OFDT.

Enfin, les Echos remarquent que l’attitude différente des représentants des buralistes qui appellent désormais ces derniers à diversifier leurs activités et à se détacher progressivement de la vente de tabac apparait également comme un indice significatif d’une victoire enfin possible.

Aurélie Haroche

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