
Doté de 344 millions d’euros sur cinq ans contre 205 millions pour le précédent, ce programme s’articulera autour de cinq axes : soutenir la pleine citoyenneté des adultes (115 millions), intervenir précocement auprès des enfants (106 millions), rattraper le retard en matière de scolarisation (103 millions), remettre la science au cœur de la politique de l'autisme (14 millions), soutenir les familles et reconnaître leur expertise (6 millions).
La clé du diagnostic précoce
« Il faut avoir un diagnostic le plus tôt possible. Nous allons généraliser la formation de tous les professionnels, pédiatres, médecins, pour avoir, au 9e mois ou au 24e mois, aux consultations prévues, le réflexe (…) d’alerter sur un trouble psycho autistique » a détaillé le Président de la République.Pour favoriser ces diagnostics précoces, il a annoncé la création d’un forfait « intervention précoce », dés le 1er janvier 2019, qui prendra en charge le recours aux professionnels non conventionnés par l'Assurance maladie (psychomotricien notamment) avant même le diagnostic clairement établi. Les modalités pratiques restent à préciser. Le Président de la République a par ailleurs fait valoir l’importance d’organiser de vastes campagnes de formation et de sensibilisation des médecins, des enseignants et des professionnels de la petite enfance aux problématiques des troubles du spectre autistique.
Scolarisation des enfants autistes : la France doit rattraper son retard
Les enseignants seront, si ce plan répond à ses ambitions, davantage impliqué dans l’instruction des enfants autistes.Ainsi, alors qu’aujourd’hui seuls 30 % d’entre eux sont scolarisés en maternelle, le gouvernement se fixe l’objectif d’atteindre un taux de…100 %. Pour ce faire, il prévoit de multiplier par trois le nombre de places en Unités d’enseignement en maternelle (UEM), des petites classes destinées aux enfants ayant besoin d’un soutien renforcé. Une centaine de postes d’enseignants spécialistes de l’autisme seront également créés pour soutenir les professeurs qui ont des élèves touchés dans leur classe. La scolarisation en primaire (40 % des enfants souffrant d’autisme actuellement) et au collège-lycée sera également renforcée via les Unités localisées pour l’inclusion scolaire (Ulis).
« Vous allez économiser énormément d’argent si vous arrivez à inscrire très tôt un jeune enfant de 2 ans dans un programme qui permettra ensuite de le scolariser normalement. Aller en IME (institut médico-éducatif) coûte beaucoup plus cher. Cette stratégie d’inclusion consiste à mettre de plus en plus d’enfants dans des écoles normales et les pathologies lourdes dans les IME » a argumenté Emmanuel Macron.
Faire pleinement entrer les adultes autistes dans la société
Autre élément majeur de ce plan, la question de l’inclusion des adultes autistes dans la société semble enfin devenue une préoccupation à la hauteur des enjeux.Ainsi, le Président de la République se fixe comme objectif qu’en 2022 il n’y ait plus d’hospitalisation psychiatrique de longue durée d’adultes autistes. Pour ceux qui ont atteint une certaine autonomie, seront mis en place des programmes de colocation en logement social et d’accès aux « logements accompagnés ».
En outre, le plan prévoit le doublement des crédits alloués aux dispositifs de mise en situation professionnelle.
Aider les aidants
Conscient de la lourde charge que représente l’accueil dans une famille d’un patient autiste, le gouvernement veut créer une « plateforme de répit » par département. Ces structures permettront des gardes temporaires (quelques heures ou jours) des enfants ou des adultes autistes, afin que leurs familles puissent se reposer ou partir en vacances.Enfin, concernant la recherche sur cette pathologie dont l’étiologie demeure mystérieuse, le Président de la République a promis la création d'un « groupement de coopération scientifique et de trois centres d'excellence nationaux ». Les réactions des associations de familles et des professionnels de santé impliqués dans la prise en charge des enfants et adultes atteints d’autisme sont désormais attendues.
Frédéric Haroche