Dépistage du cancer du sein : le caractère partial des informations officielles une nouvelle fois dénoncé

Paris, le lundi 9 avril 2018 - Si elle n’a pas réellement conclu à la pertinence de renoncer au dépistage systématique organisé du cancer du sein, la concertation citoyenne menée sur le sujet en 2016 avait signalé la nécessité d’une information « loyale, scientifique et objective des femmes ». Il s’agissait notamment de ne plus passer sous silence les problèmes de surdiagnostic et de surtraitement afin de permettre aux femmes un choix éclairé. Dans le cadre de la refonte du dépistage, qui suppose notamment une meilleure implication des médecins généralistes et un remboursement de certains actes d’échographie (allant à l’encontre des préconisations de la concertation), l’Institut national du cancer (InCA) devait déployer de nouveaux documents d’information.

Cependant ces derniers ne répondraient pas aux exigences d’impartialité. Après les critiques formulées l’année dernière vis-à-vis de la brochure d’information, un collectif de médecins dénonce la minimisation du surdiagnostic et du surtraitement clairement à l’œuvre sur le nouveau site dédié à la prévention et au dépistage du cancer du sein. « Les reproches formulés en 2016 lors de la concertation citoyenne sur le dépistage du cancer du sein à propos de son précédent site sont malheureusement toujours d’actualité. (…) La communication publicitaire de l’Inca exagère les bénéfices du dépistage, et minimise voire passe sous silence ses inconvénients. En outre, le site ne mentionne aucune source ni référence à l’appui de ses affirmations. Voici les informations qui devraient être données aux femmes selon l’état actuel des connaissances médicales. Sur 1000 femmes de 50 ans dépistées pendant 10 ans, 4 décéderont d’un cancer du sein. Sur 1000 femmes de 50 ans non dépistées pendant 10 ans, 5 décèderont d’un cancer du sein » rappellent les signataires d’une lettre ouverte qui appellent la France à suivre en la matière l’exemple de la Grande-Bretagne.

M.P.

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Vos réactions (1)

  • Rééquilibrer le discours concernant le dépistage du cancer du sein

    Le 11 avril 2018

    Après les Suisses, on rediscute de ce dépistage qui avait déjà été dénoncé par des médecins anglais comme un gaspillage de ressources. Il est vrai que son incidence sur la mortalité de la population screenée est faible et que le taux de surdiagnostic amenant à des surtraitements peut paraître un peu disproportionné de ce fait.

    Toutefois, il faut reconnaître aussi que l'évaluation de la qualité de vie de la population screenée n'a pas été prise en compte et que celle-ci est quand même différente entre une tumorectomie et une mammectomie. Il faut certainement rééquilibrer le discours et ne plus mettre tout l'argent du dépistage dans le cancer du sein, puisque les bénéfices des autres dépistages de cancer et notamment du col utérin ou du colon sont autrement plus évidents.

    Dr Claude Krzisch

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