
Une étude de cohorte a été réalisée à Odense (Danemark). Les mères ont été recrutées pendant la grossesse en 2010-2012. Les enfants ont été suivis jusqu’à l’âge moyen de 3,53 ± 0,82 ans. Après exclusion des prématurés de moins de 32 semaines, des jumeaux, des enfants atteints de mucoviscidose et des abandons, les données sur les infections nécessitant une hospitalisation ont été collectées grâce au registre national et celles traitées à domicile ont été recensées par des questionnaires à 3 ,18, 36 et 60 mois d’âge.
Au total, 2 431 enfants ont fait l’objet de l’étude : 1 921 nés par voie basse, 283 par césarienne élective et 227 par césarienne en urgence. Le temps d’observation a été de 8 539,91 personnes-années. L’âge gestationnel médian était à 40,14 semaines (IQR 39,14-41) avec 53 % de garçons. Un modèle de régression a permis des ajustements en fonction du tabagisme pendant la grossesse (4,8 %), de l’IMC, du niveau d’éducation des mères, et de l’existence d’une fratrie. Le taux de réponse aux questionnaires a été de 80 %.
Davantage d’infections respiratoires pendant la première année
En tout, 639 enfants (26,3 %) ont été hospitalisés avec un total de 971 admissions ; 47,2 % ont eu lieu dans la première année. L’incidence était pour toute infection de 12,08 (intervalle de confiance à 95 % [IC] 11,01-13,15)/100 personnes-années. Les incidences étaient similaires pour les infections respiratoires basses ou hautes, ou les autres infections ; la plus basse était observée pour les infections gastro-intestinales (1,13). Le rapport d’incidences ajusté (RIA) de toute infection entre les enfants nés par césarienne élective et ceux nés par voie basse était de 1,45 (IC 1,16-1,80, P = 0,001). Après ajustement en fonction de l’allaitement maternel et de l’immunisation, le RIA était à 2,26 (IC 1,51-3,39, P < 0,001). Un rapport similaire était noté pour les infections respiratoires basses : RIA 1,57 (IC 1,11-2,21, P=0,01), et les autres infections RIA 1,51 IC 1,07-2,13, P=0,02). Aucune association n’a été mise en évidence pour les infections gastro-intestinales. En revanche, le RIA entre les enfants nés par césarienne en urgence et par voie vaginale était moins élevé (0,42, IC 0,23-0,78, P=0,006). L’analyse des symptômes d’infection à domicile n’a pas montré d’association.En conclusion, cette étude montre une association forte entre le mode d’accouchement par césarienne élective et le risque d’hospitalisation pour infection, en particulier respiratoire, surtout dans la première année.
Pr Jean-Jacques Baudon